Le colonel Faneva Onimihary Ralaiavy, plus connu sous le nom de colonel Faneva, a accordé une interview avec les journalistes, vendredi à Morondava. Il a fait le tour d’horizon de sa mission sur place en sa qualité de commandant du groupement de gendarmerie dans la région Menabe. Pour lui, « il n’y a pas de ‘‘dahalo niova fo’’ (malfaiteur repenti) mais de ‘‘dahalo nilavo lefona’’ (malfaiteur ayant capitulé) ».
«Je suis arrivé ici fin janvier et j’ai commencé à travailler début février. Ce même mois, il y avait deux cas de kidnapping et quatre cas de vol de bœufs dans la région. Depuis mars, il n’y en avait plus », a expliqué le colonel Faneva. Pour dire que les derniers actes de banditisme les plus dangereux remontent à une période où il a pris ses fonctions. Pour lui, un tel résultat n’est pas le produit du hasard. Beaucoup d’efforts ont été déployés, vu que les éléments des forces de l’ordre sont moins nombreux et par conséquent, ne peuvent pas couvrir l’ensemble de la zone d’intervention.
D’après ses explications, le plus grand problème à Madagascar est que les lois sont rédigées en français, ce qui revient à dire qu’elles ne sont accessibles qu’aux instruits. Par conséquent, quand les analphabètes sont pris en flagrant délit de vol, par exemple, ils sont jugés à partir des textes qu’ils n’ont même pas connus auparavant. Or la plupart des dahalo ont été auparavant victimes de vol de leurs biens et après avoir vainement porté plainte, ils pensent que la meilleure façon de ne pas se faire voler, est de s’associer aux voleurs. De leur côté, les forces de l’ordre ont tendance à « lutter contre l’insécurité mais ne s’en prennent pas aux auteurs de cette insécurité ».
Donner l’exemple
« Ces dahalo, ce sont ces locaux qui n’ont pas d’activités génératrices de revenus bien claires. Ils vivent dans la société et non pas en dehors. Pour lutter contre l’insécurité donc, il faut cibler ces vagabonds », a poursuivi le colonel Faneva. « Enseigner le maniement des armes et non pas les lois en vigueur, est pour moi la plus grosse erreur jamais commise quand on veut mettre un terme à l’insécurité », a-t-il indiqué. Selon ses dires, il faut avant tout éduquer la société en incorporant sa culture. Pour illustrer ses explications, il a pris le cas de la culture locale, basée essentiellement par la danse kilalaky. « Pour attirer l’attention de l’assistance, je danse le kilalaky afin de lui montrer que j’ai assimilé ses us et coutumes », a-t-i expliqué. Avant de continuer « je commence par la suite à lui enseigner les lois en vigueur et les sanctions qui vont avec ».
Selon lui, il est nécessaire de répéter l’éducation, ce qui constitue la sensibilisation. « Si vous venez ici et que vous portez des vêtements indécents, si ‘‘par malheur’’ vous tombez sur nos éléments, ils vont vous emmener au poste où vous allez recevoir un lambahoany. Quand vous le répétez une seconde fois et qu’ils vous rattrapent, vous serez envoyés en cellule d’isolement pour réfléchir. Et si vous vous entêtez encore, vous serez alors sanctionnés sévèrement », a-t-il détaillé.
Enfin, le suivi est essentiel pour éradiquer l’insécurité. Pour cela, le colonel Faneva compte mettre en place des structures permettant aux « dahalo nilavo lefona » d’avoir des activités génératrices de revenus pérennes pour qu’ils ne reprennent pas leurs mauvaises habitudes une fois que ce commandant du groupement de gendarmerie Menabe sera affecté. Mais pour le moment, son objectif principal est d’équiper ses éléments. Cela concerne notamment l’armement mais aussi les matériels roulants et autres équipements nécessaires au rétablissement de l’ordre.
Lova R.