Le travail des enfants à Madagascar évolue en fonction du contexte économique, en particulier dans le secteur de la vanille. Des initiatives ont été mises en place pour lutter contre ce fléau dans les régions de Sava et Diana. Cependant, selon le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Fonction publique et des Lois sociales, la situation semble s’être aggravée avec l’arrivée de la Covid-19. Cette déclaration a été faite hier, à Anosy, lors de la restitution des résultats et des recommandations de l’évaluation des risques sanitaires liés au travail des enfants dans la production de vanille à Madagascar.
En effet, selon Hanitra Razakaboana, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Fonction publique et des Lois sociales, “des efforts ont conduit à des résultats concrets et à une diminution du travail des enfants dans la région Sava”. Cependant, elle explique que la situation a pris une autre tournure avec l’arrivée de la Covid-19, “car les familles se sont appauvries et le travail des enfants dans la région a augmenté”. Rostand Teviky, directeur régional du travail pour la région Sava, ajoute que “environ 10% des enfants sont encore impliqués dans le travail des mineurs dans cette localité”. En plus des problèmes liés à l’emploi, ces enfants sont également exposés à des dangers qui peuvent affecter leur santé.
Parmi ces risques, on trouve par exemple le manque de nourriture. Les résultats de l’évaluation des risques sanitaires liés au travail des enfants dans la production de vanille à Madagascar montrent que sur 120 enfants interrogés, 59 ressentent une sensation de faim permanente, tandis que 61 déclarent ne pas avoir faim. Les enfants vont souvent à l’école le ventre vide et doivent accomplir leurs tâches malgré la faim. Outre le manque de nourriture, la qualité des habitations et les risques associés à leur travail sont également préoccupants. Les contraintes auxquelles les enfants sont exposés dans leur travail incluent parfois de longues heures de travail et le port de charges trop lourdes pour leur taille et leur poids. Certaines activités, comme la riziculture, la production de khat, la manutention ou le transport de charges, le travail domestique en zone urbaine, ou encore l’exploitation minière, sont particulièrement dangereuses. L’étude souligne aussi l’exposition de ces enfants aux différents pesticides utilisés pour protéger les récoltes.
“La lutte contre le travail des enfants est une priorité pour l’État. Cependant, c’est une lutte difficile car le phénomène évolue constamment. Il y a une réalité économique à prendre en compte. Par exemple, lorsque nous observons des améliorations dans une région du Sud de la grande île, d’autres problèmes apparaissent ailleurs”, a expliqué Fanja Razakaboana lors de la cérémonie de restitution de cette étude. Rostand Teviky a également souligné que la difficulté réside dans le fait que le travail des enfants dans la région n’est pas toujours visible. “Souvent, il se déroule sous les arbres, là où les enfants travaillent de manière informelle.”
L’évaluation des risques sanitaires liés au travail des enfants dans la production de vanille à Madagascar a été réalisée par une équipe de l’École doctorale de l’Université d’Antananarivo. Cette étude vise à aider les autorités à mieux comprendre la situation des enfants dans la région afin de proposer des solutions adéquates. Le secteur de la vanille, très prisé par les acteurs économiques en raison de la renommée mondiale de la vanille malgache, est particulièrement concerné. En 2017, l’Organisation internationale du travail (OIT) a lancé le projet Savabe, visant à éliminer le travail des enfants dans la filière vanille de la région SAVA. Ce projet inclut la mise en place de structures locales de lutte contre le travail des enfants, l’amélioration des conditions de vie des parents et la formation profession- nelle pour les enfants victimes ou à haut risque de travail des enfants dans ce secteur.
Il est également important de noter que le terme “travail des enfants” se réfère aux activités interdites par la loi pour toute personne de moins de 18 ans. À Madagascar, l’âge minimum d’admission à l’emploi est de 15 ans. La loi malgache fixe aussi à 18 ans l’âge minimum pour tout emploi ou travail susceptible de mettre en danger la santé, la sécurité ou la moralité des jeunes. Cependant, les lois ou règlements nationaux peuvent autoriser l’emploi de personnes âgées de 13 à 15 ans, à condition que ces activités ne soient pas préjudiciables et ne nuisent pas à leur fréquentation scolaire.
Nambinina Jaozara