C’est irréversible

Une fois de plus, le pays se trouve confronté à l’invasion acridienne. Plus précisément, ce sont l’Ouest, le Moyen Ouest et le Sud-Ouest de Madagascar qui ont le plus à souffrir de cette invasion qui met à mal l’agriculture dans cette partie de la Grande île depuis des décennies.
Bien que la lutte anti acridienne ait été me­née depuis des années et des années, on n’a jamais réussi à éradiquer totalement ce fléau. Effectivement, c’est un véritable fléau. Les sauterelles s’attaquent non seulement aux cultures vivrières, mais elles détruisent également les cultures fourragères.
En conséquence, c’est tout le bétail qui en souffre par la suite. Pourtant, d’aucuns ignorent que ce sont des zones de fort élevage qui sont concernées là. On peut comprendre ainsi tout le désespoir des agriculteurs et éleveurs quand ils voient apparaître les essaims de sauterelles qui s’étirent sur des kilomètres.
Face à un tel fléau, la population ne peut pas faire grand-chose. Les moyens du bord qu’ils utilisent sont inefficaces. La production de fumée à partir de réchauds n’empêchent pas les criquets à tout dévorer. Et après leur passage, tout n’est que ruine et désolation.
Actuellement, on estime à 270 000 hectares la surface totale infestée par les sauterelles. Or 28 300 hectares seulement ont été traités depuis avril. Ce qui est bien insignifiant comparé à la surface infestée. Cette situation s’explique par l’insuffisance des moyens aussi bien matériels que financiers.
Bien évidemment, on va encore solliciter l’aide des partenaires techniques et financiers. Ces derniers ont toujours apporté leurs soutiens, mais apparemment, les actions menées dans le cadre de la lutte anti­acridienne n’ont pas eu les résultats escomptés. Faudra-t-il changer de stratégie ?
Pourtant chaque an­née, c’est la même chose. On met en place toute une stratégie sensée don­ner des résultats probants avec la collaboration de la population locale qui donne les premières alertes dès que les colonies de criquets atteignent un niveau inhabituel.
En attendant, c’est toute la production agricole de ces zones qui est mise en danger. A moins d’une intervention rapide et véritablement efficace en matière de lutte antiacridienne, on peut s’attendre à des situations catastrophiques telle que la famine…
Et le pire peut encore venir quand les criquets auront tout dévoré : La sécheresse et la désertification gagneront encore plus du terrain dans ces zones infestées. Et il faudra attendre plusieurs générations avant que ces zones dévastées re­trouvent un paysage ver­doyant. A savoir, si ce sera encore possible. Des fois où c’est irréversible !

Aimé Andrianina

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