Les universités confessionnelles jouent un rôle important dans l’économie du pays. Elles ne contribuent pas seulement à l’emploi, mais forment également des citoyens intègres, en encourageant le développement intégral des individus. L’Oniversity FJKM Ravelojaona en fait partie. Comptant 2 500 étudiants répartis sur six sites provinciaux, elle connait aussi des combats et des défis, dont “maintenir une qualité d’enseignement élevée qui répond aux normes académiques et éthiques de l’institution, en naviguant dans un contexte économique souvent insatiable”. Entretien avec le Révérend Dr Zo Ratsimandisa, recteur de l’OniFRA.
Pouvez-vous nous retracer l’historique de l’OniFRa ?
Depuis l’arrivée des missionnaires protestants à Madagascar, l’éducation a toujours été une mission centrale, mais après la colonisation, les écoles protestantes ont diminué en influence. En réponse à ce déclin, l’Église a lancé un défi ambitieux : établir son propre système éducatif. En 1979, l’Oniversity FJKM Ravelojaona (OniFRa) a ouvert ses portes pour la formation en théologie, marquant le début d’une renaissance éducative. En 2008, les synodes de Majunga ont décidé de construire l’université FJKM, consolidant son rôle en tant que centre d’excellence académique. En 2016, la mention Santé a été introduite pour répondre aux besoins critiques de soins à Madagascar. Enfin, en 2018, l’OniFRa à Ampandrana a été inaugurée avec neuf mentions, accueillant environ 1 500 étudiants à ce jour. Cette expansion témoigne de l’engagement continu de l’université à promouvoir l’éducation intégrale et à pérenniser l’héritage missionnaire à travers des programmes académiques diversifiés et innovants.
D’où vient le choix de ces neuf mentions ?
Réunissant son corps professoral et des professionnels, l’OniFRa a récemment entrepris une réflexion stratégique sur l’expansion de ses programmes académiques. Fruit de débats et de concertations approfondis, l’université a lancé neuf nouvelles mentions visant à répondre aux besoins éducatifs spécifiques de Madagascar. Parmi celles-ci, la gestion et le droit ont été intégrés d’office, en réponse à une demande croissante des étudiants dans le pays pour ces compétences essentielles. Pour se distinguer dans le paysage éducatif malgache, l’OniFRa a introduit la mention de Géologie Appliquée et Environnement (GAPE), une première qui vise à former des experts capables de répondre aux défis environnementaux critiques du pays. De même, la fusion de la lettre anglaise avec la science de l’éducation reflète une stratégie pour tirer parti des compétences académiques existantes et répondre aux besoins éducatifs élargis. Les autres mentions, telles que la science et technologie, ont été sélectionnées en fonction des besoins actuels et futurs de la société malgache, démontrant l’engagement de l’université à contribuer activement au développement socio-économique du pays. Chaque choix de programme est le résultat d’une étude rigoureuse et d’une analyse approfondie des besoins du marché et des aspirations académiques nationales.
Quelle est la filière qui intéresse le plus les jeunes ?
Mise à part la gestion et le droit qui ont été intégrés d’office, en réponse à une demande croissante des étudiants dans le pays, la mention agronomie intéresse de plus en plus les jeunes avec les résultats exceptionnels de nos étudiants qui ont gagné en visibilité lors de nos événements internes et externes. Avec l’avancement remarquable de la technologie et de l’environnement digital, les mentions communication médiatique et l’informatique figurent également parmi les filières les plus demandées.
Parlez-nous des projets et des recherches réalisés par vos étudiants tout au long de l’année universitaire.
L’OniFRa se distingue radicalement des autres universités par son école doctorale novatrice. Approuvés par le ministère de tutelle, les travaux de recherche au sein de notre école doctorale inter-épistémique bénéficient de l’expertise de cinquante professeurs spécialisés dans divers domaines. Cette approche interdisciplinaire garantit la crédibilité et la valeur des projets de recherche, qui embrassent toutes les disciplines, promouvant l’employabilité des jeunes. L’école doctorale se distingue par son engagement à combiner théorie et pratique. Par exemple, dans la mention agronomie, les recherches en transformation agroalimentaire sont déjà en cours. À l’OniFRa Ampandrana, qui propose neuf mentions différentes, chaque année est marquée par des projets et des résultats significatifs dans chaque domaine d’étude. Notamment, les résultats exceptionnels de la mention AGRONOMIE se distinguent par la création de concepts novateurs comme la production de mortadelles végétales et de mortadelles d’écrevisses. Ces productions ont passé avec succès les tests sensoriels et microbiologiques, tout en respectant strictement les normes d’hygiène.
Comment l’université soutient-elle l’innovation et la recherche au sein de votre établissement ?
OniFRa soutient l’innovation et la recherche en encourageant la collaboration interdisciplinaire au sein de son école doctorale inter-épistémique, en offrant des programmes uniques comme la formation continue en géologie appliquée et environnement, dont nous somme l’unique université privé à le faire, et en favorisant un environnement propice à la créativité et à l’exploration intellectuelle parmi ses étudiants et son corps professoral. Ce dernier à travers les événements et compétitions tant à l’interne qu’à l’externe en participant a des concours d’innovation.
C’est quoi une éducation de qualité selon vous ?
“Mamoaka olona VONONA sy VANONA.” ou “Former des personnes motivées et intègre”. Une éducation de qualité est celle qui assure un accès équitable à l’apprentissage, offre un enseignement compétent et motivant, encourage le développement intégral des individus (spirituel, intellectuel, émotionnel, social, physique), favorise la pensée critique et créative, crée un environnement d’apprentissage sûr et inclusif, soutenu par des évaluations justes et constructives.
En tant qu’université FJKM, quelle est la place de la foi dans l’éducation des jeunes à Madagascar ?
En tant qu’université FJKM à Madagascar, la foi chrétienne occupe une place centrale dans l’éducation des jeunes en intégrant des valeurs éthiques et morales, encourageant le développement personnel et l’engagement communautaire, tout en offrant une perspective holistique qui prépare les étudiants à être des leaders responsables dans leur société.
Quel est le rôle d’une université de d’envergure de l’OniFRa dans l’économie du pays ?
L’OniFRa occupe un rôle essentiel dans l’économie de Madagascar en formant une main d’œuvre qualifiée, des futurs leaders et entrepreneurs à travers des programmes uniques comme la formation continue en géologie appliquée et environnement, une mention en lettres anglaises incluant la science de l’éducation, et des résultats remarquables en agronomie. De plus, elle renforce la recherche et l’innovation grâce à son école doctorale inter-épistémique, contribuant ainsi activement au développement économique et académique de Madagascar.
Comment s’assurer que les programmes académiques restent pertinents et alignés sur les besoins du marché du travail ?
Pour cela, nous envisageons plusieurs actions : – L’e valuation continue de nos programmes, qui est assurée par nos comités scientifiques. (Enquêtes auprès des anciens élèves, des employeurs et des experts de l’industrie pour identifier les compétences et connaissances nécessaires). – Les partenariats avec des soixantaines d’entreprises malagasy pour comprendre directement les exigences du marché du travail, qui peuvent également faciliter des stages et des opportunités d’emploi pour les étudiants. – Une révision régulière des curriculums et l’intégration de modules actualisés.
Quels sont les défis les plus importants auxquels l’OniFRa est confrontée actuellement ?
Les défis majeurs auxquels l’OniFRa est confronté actuellement incluent la gestion de son identité et de ses valeurs dans un contexte social diversifié et multiculturel. Maintenir une qualité d’enseignement élevée qui répond aux normes académiques et éthiques de l’institution en naviguant dans un contexte économique souvent instable.
Propos recueillis par
Nambinina Jaozara
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