La position du candidat indépendant, Ali Camille Hojeij dans la 10e circonscription des Français de l’étranger, se démarque des partis traditionnels. Il pointe l’inégalité d’accès aux services consulaires, en particulier pour les Français d’origine indienne, les « Karana » souvent marginalisés, ainsi que l’insécurité vécue par cette communauté, illustrée par des enlèvements entre 2015 et 2018.
*Les Nouvelles : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous porter candidat ?
-Ali Camille Hojeij : Nous traversons une période de profonds bouleversements politiques. La dissolution de l’Assemblée nationale, décidée précipitamment le soir de la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, met les partis à rude épreuve. Les véritables intentions se dévoilent désormais ! Nous assistons à la formation d’alliances inattendues, d’un côté entre la droite et l’extrême droite, et de l’autre, entre la gauche et l’extrême gauche. Des rapprochements qui surprennent, sachant que ces mêmes partis avaient affirmé, il n’y a pas bien longtemps, qu’ils ne s’allieraient jamais en raison de leurs divergences idéologiques.
* Mais alors, jusqu’où et avec qui sont-ils prêts à pactiser ?
– On invoque souvent la nécessité d’un front républicain pour faire barrage aux extrêmes. Cependant, c’est Emmanuel Macron lui-même qui, en premier lieu, prend le risque de voir les extrêmes accéder au pouvoir avec cette dissolution potentiellement désastreuse ! De nombreux citoyens ne se reconnaissent plus dans l’offre politique classique.
* Quelle est votre vision permettant de représenter les Français établis à l’étranger ?
– Comme je le disais, nous traversons une période de bouleversements. Le Liban, mon pays de résidence qui fait partie de ma circonscription, risque à tout moment de sombrer dans le chaos. A l’échelle mondiale, les tensions géopolitiques n’ont jamais été aussi vives depuis la fin de la Guerre froide. Que nous le voulions ou non, nous vivons une époque marquée par les conflits. Je souhaite être ce député adapté à ces temps troublés. N’étant affilié à aucun parti historique, je jouis d’une liberté de parole dont l’unique objectif est de défendre les intérêts des Français de ma circonscription et ce, sans la moindre interférence.
* Quelle idéologie allez-vous défendre à l’Assemb-lée ?
– Je ne m’inscris pas dans les idéologies traditionnelles des partis historiques. Notre priorité première doit être l’égalité d’accès aux services consulaires. Trop souvent, les Français d’origine indienne, les Karana comme on dit en malgache, terme que je n’utilise pas personnellement, se sentent traités comme des Français de seconde zone plutôt que comme des citoyens à part entière. Cette situation est inacceptable. De plus, ces mêmes Français ont connu par le passé plusieurs épisodes d’insécurité grave, en ayant été pris pour cible en raison de leur origine ethnique. Il suffit de se rappeler les nombreux enlèvements survenus entre 2015 et 2018. C’est pourquoi je maintiens ma proposition de 2022 : nous avons besoin d’un magistrat de liaison permanent entre la zone de l’océan Indien et Paris. Je m’engage à obtenir sa nomination auprès du Garde des Sceaux français. Au-delà de la sécurité de nos compatriotes, ce magistrat pourra également travailler sur les questions de trafics et d’immigration illégale.
* Pourquoi avoir fait le choix de représenter les Français hors de France et en tant qu’indépendant ?
– Je suis persuadé que les étiquettes politiques sont désormais obsolètes. Il y a deux ans, les Français de Madagascar m’ont placé en quatrième position sur seize candidats. Ce résultat n’était pas celui qu’on aurait pu attendre d’un candidat indépendant supposé “petit”. Cela prouve qu’on peut réussir sans le confort illusoire d’une étiquette ! Aujourd’hui, je suis en mesure de réitérer et même d’améliorer mon score de 2022. Je ne vis pas de la politique. Après les élections, ma vie quotidienne reprendra son cours, bien qu’avec des changements significatifs si je suis élu. Les électeurs peuvent s’intéresser à autre chose qu’aux étiquettes et choisir un candidat ancré dans la réalité. Le jour où ils enverront un indépendant à l’Assemblée, ce seront eux qui feront la révolution.
F.M