La gâchette facile

Pas un jour ne passe sans qu’on apprenne dans les médias qu’un dahalo, un kidnappeur, un braqueur de cash point, un cambrioleur … se soit fait abattre alors qu’il accomplissait son forfait ou bien pendant sa capture et même lors de son transfert. Pourtant, cela ne diminue en rien les actes de banditisme qui se poursuivent toujours. Il arrive également, que du côté des forces de l’ordre, on enregistre des pertes.
Il est vrai que dans l’exercice de leur fonction respective, ces éléments des forces de défense et de sécurité sont confrontés à tous les dangers. En effet, ils doivent faire face à des adversaires qui ne re­culent devant rien pour réaliser leurs forfaits ou sauver leur peau. Et dans ces conditions, c’est tou­te en légitimité qu’ils utilisent leurs armes. Nul n’est besoin de rappeler les actes de barbarie dont ces malfaiteurs sont ca­pables.
Bien évidemment, pour toutes ces raisons, tous ces malfaiteurs ne doivent pas bénéficier de la moindre indulgence de la part de qui que ce soit et pour n’importe quelle raison que ce soit. Mais il faut toujours se rappeler que tout prévenu a tout de même droit à un véritable procès et que seul un juge peut prononcer sa culpabilité et donc le condamner.
Si on relève ce point c’est que bien trop souvent, il est rapporté qu’un bandit ou un prisonnier a été abattu par ses geôliers pour tentative de fuite. Cela se serait déroulé après sa capture ou bien lors d’un transfert. On se demande bien si le prisonnier n’a pas été menotté ou encore ligoté rendant toute fuite impossible. Si ce n’est pas le cas, il faudrait en connaître les raisons.
Par ailleurs, il faudra aussi savoir comment un prisonnier isolé et désarmé de surcroît pourrait échapper à toute son escorte. On pourrait arriver à penser qu’on l’a volontairement encouréger à s’échapper. De toutes les façons, il faut toujours se rappeler que dans un pays démocratique comme Madagas­car, les liquidations sommaires sont interdites.
Il faut toujours considérer que tout prévenu bénéficie de la présom­ption d’innocence jusqu’à sa condamnation définitive. Ces liquidations sommaires sont à proscrire au même titre que les vindictes populaires. Dans tous les cas, elles n’accordent pas au prévenu le droit de se défendre. Cela empêche également de connaître la vérité.
Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire est que nos représentants de l’ordre sont très expéditifs dans leur mission de faire instaurer la sécurité, partout où il
le faut. Peut-être même bien trop. Et cela se con­state surtout dans les zones reculées qualifiées de « chaudes ». Tout compte fait, on peut dire qu’ils ont la gâchette facile.

Aimé Andrianina

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