Se fondre dans l’anonymat

Selon un rapport de la Banque mondiale sorti en début d’année, 75% de la population de Madagascar vit sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar par jour. Fait nouveau, toujours de la même source, ces dix dernières années, la pauvreté urbaine est passée de 42,2% en 2012 à 55,5% en 2022. Autrement dit, plus d’une personne sur deux vivant dans les centres urbains vit sous le seuil de pauvreté.

Ce sont là des chiffres très significatifs. Il faut comprendre que la pauvreté est généralisée car elle touche au­tant le milieu urbain que le milieu rural. On peut comprendre à travers ces chiffres que la situation est compliquée car il va sans dire que le taux de pauvre­té en milieu rural est toujours plus important qu’en milieu urbain. Donc, la situation y est encore plus critique.

En effet, en milieu rural, il n’y a pas d’emploi, la productivité est en baisse faute d’accès des agriculteurs aux in­trants, les surfaces à exploiter se trouvent de plus en plus réduites … Et pour couronner le tout, les agriculteurs
ne sont pas encouragés
à produire plus qu’ils n’ont besoin avec l’insécurité grandissante en milieu rural. Le moindre signe de richesse extérieure expose l’agriculteur aux actes de banditisme.

Pour toutes ces raisons, beaucoup d’agriculteurs se limitent à produire juste ce dont ils ont besoin. Qu’on le veuille ou non, l’insécurité en milieu rural joue un rôle de poids dans le processus de production. Tout ceci explique la force poussée de l’exode rurale. Mais bien rares sont ceux qui tentent l’aventure arrivent à s’en sortir convenablement.

Si telle est la situation qui attend la grande majorité des candidats à partir pour les grands centres urbains, pourquoi se décident ils quand même de venir grossir le nombre de pauvres dans les grandes villes ? Au départ, ils savent très bien qu’il y a peu de chance qu’ils trouvent un emploi décent et donc bien rémunéré.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en milieu rural, on identifie facilement ceux qui ne disposent d’aucune ressource ou de moyens de travail telle que terres, outils… Leur seul moyen de subsistance est de trouver du travail dans les petites exploitations agricoles où ils sont payés au jour le jour. Et quand il n’y a pas de travail, il n’y a pas d’argent. Ces gens-là sont véritablement les derniers des pauvres.

Mais même la plus petite lueur d’espoir de pouvoir percer dans la vie, leur suffira pour tenter l’aventure plutôt que de vivre et de mourir dans la pauvreté en mi­lieu rural avec certitude. Par ailleurs, contrairement en milieu rural, en milieu urbain, même si on est pauvre, on a plus de chance de se fondre dans l’anonymat.

Aimé Andrianina

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