Pour accueillir un million de touristes d’ici quelques années, Madagascar a besoin d’établissements qui s’alignent aux normes internationales. Johann Pless, le président de la Fédération des Hôteliers et Restaurateurs de Madagascar (Fhorm) fait le point.
Madagascar dispose-t-il suffisamment d’infrastructures hôtelières pour traiter les demandes ?
Pour accueillir les touristes nationaux et internationaux, Madagascar peut compter sur près de 700 hôtels dont 500 entre 2 à 4 étoiles, soit près de 15.000 lits dans tout Madagascar pour huit millions de nuitées, pour un séjour moyen de 14 jours. C’est largement suffisant pour accueillir 500.000 touristes internationaux, ainsi que le tourisme national. Le taux d’occupation dans les hôtels dépend surtout de la capacité d’accueil, un hôtel peut avoir 10 chambres ou jusqu’à 100 chambres. Actuellement, à l’approche de la haute saison. Nous avons 80% de taux d’occupation à Antananarivo et Nosy Be mais le reste de Madagascar chute car tout est à moins de 50%.
La qualité des hôtels existant au pays répond-elle aux demandes des touristes internationaux qui viennent ?
Oui. Sur les 700, deux tiers répondent à la qualité, tant en infrastructures qu’en services et localisation. Il ne faut pas oublier que le touriste vient aussi pour voir un environnement que ce soit de plage, de forêt… Cela étant, l’infrastructure publique reste un point noir. Nous aurons beau former notre personnel, nous remettre aux normes, entretenir nos établissements. Quand le touriste attend son avion pendant deux jours ou prend 40 heures de route, cela risque d’être désagréable pour eux.
Pourquoi est-il important de se mettre aux normes ?
En 30 ans, les demandes de nos touristes nationaux et internationaux ont évolué. Cela requiert plus de normalisation, et de qualité, que ce soit dans l’infrastructure ou dans la logistique. A côté, les produits aussi ont évolué, que ce soit de services ou logistique, de mobilier et d’immobilier. Aujourd’hui, il faut être aux normes internationales, à l’image de beaucoup d’autres pays africains, parce que sinon, on risque de perdre notre compétitivité. (…) Nos plages, notre faune et flore peuvent être endémiques, mais nos normes ne peuvent pas l’être. Nous devons suivre le goût du jour et la demande, je dirais même les exigences des touristes nationaux et internationaux. C’est vraiment un point clé dans la vente future des produits à Madagascar.
Et pour ce qui est des questions d’énergie ?
C’est un problème plus global pour tout le pays. Effectivement, je dirais qu’en tant que président de la Commission d’Infrastructure et Utilities du GEM, j’incite depuis plus de deux ans tous les hôteliers qui sont hors réseau – et même éventuellement les hôteliers qui sont sur le réseau mais qui peut être défaillant, soit en qualité, soit en quantité de l’énergie – à s’équiper en solaire. C’est un gros investissement. On est toujours à la recherche de solutions aujourd’hui avec des bailleurs pour avoir une sorte de transition énergétique de l’hôtellerie et de la restauration, accompagnée d’un financement vert, que ce soit en subventions, en prêts bonifiés et une partie en apports de capital de l’hôtelier.
Comment accueillez-vous les nouvelles annoncées dans le secteur du transport aérien ?
Nous sommes heureux de l’arrivée de l’avion chez Tsaradia, on en espère d’autres. Il faut être ambitieux, sur le domestique, et ensuite sur le régional. Il existe une forte demande de La Réunion et de Mayotte, notamment sur les circuits Nord ou Sud. Nos hôteliers, le secteur privé ont besoin de ce transport aérien. Nous encourageons vraiment les autorités à continuer dans ce sens-là, qui est un sens très positif.
A côté, la tenue des salons nationaux et internationaux aide aussi. La communication qui est faite autour de tous ces secteurs et ces filières nous permet d’exister, de les développer grâce aux formations, et de donner envie aux jeunes d’y entrer.
Tiana Ramanoelina