Kemba Ranavela : « Beaucoup restent à faire pour l’égalité des femmes et des hommes » 

A l’instar de tous les mouvements luttant pour une justice sociale, notamment en faveur des femmes, Nifin’Akanga fait face à de nombreux défis, entre autres le passage de la proposition de loi sur l’ITG au niveau de l’Assemblée nationale. Pour autant, ses membres n’entendent pas baisser les bras et espèrent que les prochains élus siégeant à l’Assemblée nationale examineront de près le droit des femmes à une interruption de grossesse sécurisée. Interview de Kemba Rana­vela, cofondatrice et présidente du mouvement Nifin’Akanga.

Les Nouvelles : Pouvez-vous nous parler du mouvement Nifin’Akanga et de ses objectifs ?
– Kemba Ravela : Nifin’Akanga est un mouvement féministe luttant pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans notre pays. Malheureusement aujourd’hui, les femmes ne s’appartiennent pas. Nous militons ainsi pour qu’elles puissent s’appartenir à elles-mêmes, à commencer par leurs corps. C’est pourquoi nous disons que « le corps des femmes leur appartient ». Allant dans ce sens, il reste beaucoup à faire pour l’égalité des femmes et des hommes dans notre pays.

Pensez-vous que les activités de Nifin’ Akanga ont eu des impacts dans la lutte féminine à Madagascar depuis sa création ?
– Créé en 2018, le mouvement lève le voile sur beaucoup d’hypocrisie dans notre société. Il y a beaucoup de tabous et de silences. Nous faisons en sorte que la parole soit autorisée et que les femmes aient droit à la parole, comme les hommes d’ailleurs. Donc, il faut que les femmes aient un impact majeur pour leurs droits dans notre société.

A ce propos justement, une proposition de loi portant sur l’assouplissement du Code pénal portant sur l’ITG a été initiée par le mouvement, où en est-on actuellement ?
– En effet, la députée Masy Goulamaly a déposé une proposition de loi sur l’ITG pour raisons médicales en 2021. Malheureusement à ce jour, cette proposition de loi n’est toujours pas à l’ordre du jour des travaux du Parlement. Nous espérons actuellement que de nombreux députés prendront ce texte à bras le corps pour qu’il soit enfin examiné pour les droits des femmes.
Dans cette optique, est-ce que le mouvement travaille avec des professionnels de la santé et des responsables étatiques afin
d’assurer la réussite de cette démarche ?
– La proposition de loi sur l’ITG porte sur les femmes qui sont donc la moitié des citoyens de notre pays. Il est évident que si une loi est votée, elle est appliquée par l’Exécutif. Donc, nous travaillons avec les personnels de santé où nous essayons de sensibiliser à notre cause et de convaincre qu’elle est juste. Nous travaillons ainsi avec tous ceux qui veulent bien faire avancer cette loi.

Quels sont les principaux défis auxquels le mouvement est confronté en matière de sensibilisation et de défense des droits des femmes ?
– Le premier défi est de briser le silence des femmes, le silence des victimes, le silence des gens qui sont témoins des victimes. C’est pourquoi le mouvement souligne : il faut prendre la parole et dire que la honte doit changer de camp, car ce ne sont pas les victimes qui de­vraient avoir honte, mais ceux qui commettent des actes criminels.

Pour Nifin’Akanga, à part cette proposition de loi, quelles pourraient être les pistes de solutions pour améliorer davantage l’accès à l’ITG et renforcer les droits des femmes?
– On a parlé auparavant de collaboration avec des membres de l’Etat par exemple, mais le gros problème c’est l’instruction et l’éducation. Ce sont les femmes qui sont les moins instruites et les moins éduquées dans notre pays et elles n’osent pas s’exprimer. Il faut donc revenir à la base pour les instruire.

Pouvez-vous nous donner un aperçu des projets de recherche en cours soutenus par Nifin’Akanga?
– Vous pouvez suivre le mouvement. On est présent sur les réseaux sociaux et sur internet. On est aussi présent sur 7 villes, bientôt 8. Il ne faut pas hésiter à venir, surtout pour ceux désirent devenir sympathisant afin de prendre la parole ou parti­ciper à nos actions.
Nous sommes des femmes, mais nous sommes aussi des hommes dans le mouvement et nous voulons travailler ensemble pour que ce pays progresse et pour que ce pays soit un lieu agréable à vivre, mais pas dans la peur ou le silence. Nifin’Akanga fait partie de ceux qui se lèvent pour que ce pays soit enfin un pays où coulent le lait et le miel.

Comment les personnes intéressées peuvent-elles s’impliquer dans les activités de Nifin’Akanga en tant que bénévoles, donateurs ou partenaires ?
– On ne peut pas progresser tout seul. Nous sommes un mouvement et il y en a d’autres. Nous travaillons ainsi dans la collaboration pour faire avancer les choses, car l’union fait la force et le travail concerne toute la nation. Nous sommes ouverts à toute proposition.

Propos recueillis par Sera R.

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