Exportation d’huiles essentielles : un cadre réglementaire exigeant qui empêche le développement de la filière

Les huiles essentielles, ingrédients importants pour de nombreux produits dans le monde entier, constituent un des plus grands atouts de Madagascar. Le pays détient plus de 30 types différents d’huiles essentielles de haute qualité, toutes convoitées par des marques internationales prestigieuses. Paradoxalement, le pays détient une infime part de marché mondiale dans l’exportation de ce produit, selon une étude de la Banque mondiale, ce qui rend difficile le développement de la filière et ne le permet de nourrir entièrement l’économie nationale. Selon cette étude, plusieurs paramètres expliquent cette situation, notamment un cadre réglementaire exigeant, beaucoup plus que dans d’autres pays.

Le rapport, “Production et exportation d’huiles essentielles de Madagascar, réglementation exigence réglementaires et recommandations”, publié par la Banque mondiale en Mai 2024, indique que Madagascar reste peu présent sur le marché mondial. En 2022, le pays a exporté 1,3% d’huiles essentielles, en termes de volume d’exportation. Ce qui est pourtant une amélioration part rapport aux années précédentes, 0,4% en 2012 et 0,8% en 2014. Depuis 2018, le volume d’exportation de HE tourne autour de 1,2 à 1,3%.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation, dont le principal est l’exigence du cadre réglementaire. En effet selon l’étude, Madagascar est confronté à un cadre réglementaire plus strict que ceux des autres pays, comme l’Inde.

Explications

La comparaison internationale révèle que malgré une grande diversité en termes de PIB et de valeur des exportations parmi les pays étudiés, la Grande île se distingue par un cadre réglementaire particulièrement exigeant, dans le secteur des HE avec un nombre de procédures bien supérieur à celles de ses pairs. Cette contrainte réglementaire représente un frein notable au développement du secteur. Par conséquent l’adoption d’une démarche d’une simplification des démarches, inspirées des meilleures pratiques internationales, s’avère cruciale pour dynamiser la croissance de cette filière, stratégique pour l’économie malgache.

Lorsque les procédures d’autres pays sont comparées à celles de Madagascar, le potentiel de simplification devient apparent. Il est reconnu que dans le cas de la production de HE, Madagascar a une préoccupation particulière pour la protection de l’environnement, ce qui peut nécessiter des mesures supplémentaires. Il est aussi reconnu que la comparaison internationale n’est pas toujours simple, et que certains détails au niveau des procédures ne sont pas connus.

Cependant il est clair que le régime réglementaire à Madagascar, en particulier les exigences qui visent à contrôler la qualité de la production et du produit, sont nettement plus complexes que dans d’autres pays.

Le même rapport a mis en exergue le régime réglementaire complexe et restrictif, entravant la production et l’exportation des HE à Madagascar, tout en proposant un éventail d’initiatives, pour améliorer l’efficacité des échanges commerciaux dans ce secteur. Néanmoins, pour qu’une transformation significative se réalise, le soutien actif et continu des parties prenantes, tant du secteur privé que du public est crucial.

L’objectif ultime est d’augmenter la part de marché internationale de Madagascar, et créer d’avantage de valeur ajoutée localement. Il faut pour cela que les décideurs en place comprennent les avantages du changement et comment ces changements pourront améliorer leur propre domaine de responsabilité. Cela peut se faire par la mise en œuvre régulière et progressive d’amélioration qui donne des résultats à court terme, tout en maintenant un chemin clair vers la dématérialisation des procédures.
La filière connaît d’autres problèmes, pour ne citer que les contraintes administratives et technologiques. “La technologie est un outil qu’il faut apprivoiser, et ce n’est pas toujours facile d’entretenir ces outils, puisque la plupart des outils on doit aller les acheter à l’extérieur. C’est un challenge quotidien de pouvoir entretenir ces outils à Madagascar”, témoigne un opérateur dans la filière. “Quasiment tous les ans, la filière girofle est perturbée en raison des agréments pour l’exportation. Etant donné que ce que l’on produit est voué à être exporté, un blocage survient chaque fois au moment de les renouveler. C’est peut-être temporaire mais cela handicape déjà la filière”, poursuit-il.

Nambinina Jaozara

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