Henri Ratsimbazafy: « Les artistes sont des personnes libérées »

Henri Ratsimbazafy, icône de la musique malgache, célèbre ses 90 ans avec un spectacle exceptionnel à l’Arena Ivandry ce dimanche. Accompagné de sa choriste Voahirana, il interprétera une trentaine de ses titres phares lors d’un talk-show animé par Elia Ravelomanan­tsoa. Dans une interview, nous avons eu un aperçu de cette émission.

(-) Les Nouvelles : Vous avez plus de 90 ans, avec une soixante-dizaine d’années de carrière et des centaines de compositions. Comment entretenez-vous ce métier ?
(*) Henri Ratsimbazafy : Pour moi, le chant n’est pas une simple question d’entretien de voix, mais avant tout un plaisir immense. Concer­nant l’entretien de la carrière, j’ai élaboré chaque titre avec soin, en respectant scru­puleusement les techniques et les normes artistiques, que ce soit au niveau de la mélodie, mais surtout au niveau de l’écriture. C’est ainsi que la beauté artistique peut s’installer et se démarquer durant plusieurs années. Les chansons deviennent intemporelles, capables de traverser les générations. Même dans la présentation sur scène, je me mets toujours sur mon 31 parce que je respecte mon public.

* Durant votre carrière, quelle est la chanson qui vous a le plus touché?
– « Fony Aho ». Chanter ce titre me procure plus d’émotions que les autres. « Fony aho sahirana » quand j’étais en difficulté, « Fony aho naona » quand j’avais faim, « Fony aho sahiran-tsaina », quand je pensais à mes problèmes… Toutes ces paroles me décrivent. Toutefois, cela ne signifie pas que mes textes sont le reflet de ma vie privée, ils sont plutôt inspirés par mes observations du monde qui m’entoure et des expériences de la vie sociale. En tout cas, je parle souvent d’amour qui est important. Elle est comme le sel, un ingrédient obligatoire pour donner plus de saveur à nos plats. J’aime les chansons « soft » qui touchent notre cœur, notre âme.

* Vous êtes connu pour vos chansons en français, est-ce que vous continuez à écrire dans cette langue actuellement?
– Oui. Il existe des choses que l’on ne peut pas exprimer en malgache, parce que la société malgache ne nous le permettra pas. Par exemple, dans une parole, il est plus facile et plus fluide d’écrire en français cette phrase « faisons l’amour », et sa traduction en malgache est trop explicite pour certaines audiences. Je ne pourrai pas traduire ma chanson « J’aime les filles de mon pays ». Et pourtant, un artiste ne devrait pas avoir de barrière en exprimant ses émotions. Comme dans la peinture, dans la sculpture, dans la photographie, créer ou dessiner des personnes nues démontre la beauté naturelle des femmes. A Mada­gascar, les préjugés se font encore ressentir. Alors nous, les artistes, faisons attention à ne pas choquer ce genre de public.

Holy Danielle

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