À Ambilobe, les femmes jouent un rôle crucial dans la gestion des aires protégées. Elles sont des leaders d’opinion et des gestionnaires efficaces, exerçant une influence significative sur les hommes.
Njarasoa et trois autres femmes travaillent comme agentes forestières dans le site de la Baie d’Ambaro, classé site Ramsar en novembre 2020. Cette baie est une zone clé pour la biodiversité, abritant des plantes menacées et endémiques. Elle constitue également un habitat crucial pour la nutrition et la reproduction d’espèces animales menacées et endémiques. Parmi les 99 espèces d’oiseaux présentes, 44 sont spécifiques à cette zone humide.
Ici, un système de gestion des aires protégées a été instauré pour assurer la durabilité des ressources naturelles. Njarasoa et ses collègues, toutes des femmes, parcourent les forêts de mangroves avec audace, comme si elles n’avaient peur de rien. Elles sont reconnaissables à leur tenue vestimentaire indiquant leur rôle d’agentes forestières. Sur ce site, de nombreuses femmes ont été engagées pour ce travail, et ce n’est pas une coïncidence. En effet, elles sont des éléments essentiels des fokontany car elles exercent une influence non seulement sur leur famille, mais aussi sur toute la communauté.
Et quand on dit que la plupart des femmes sont discriminées à Madagascar, ce n’est pas toujours le cas dans certaines régions. Dans la communauté où se trouve Njarasoa par exemple, les femmes sont très respectées et écoutées. “Nous travaillons avec des associations qui nous forment pour devenir agentes forestières. Les acteurs de l’environnement préfèrent parfois travailler avec les femmes parce qu’elles ont plus d’influence, notamment sur les hommes de la communauté, les maris, les fils et les oncles.” Ce que fait Njarasoa ne se limite pas à veiller à ce qu’il n’y ait pas de coupe abusive ; elle sensibilise également son foyer et sa communauté à la bonne gestion des ressources naturelles.
“Il est important de respecter les périodes de pêche des crevettes, par exemple, et surtout de ne pas faire de coupes dans les zones de reboisement”, confie-t-elle. En effet, sur cette vaste étendue d’aire protégée de 50.000 hectares, des millions de dollars de ressources naturelles sont à gérer, y compris les arbres, les crevettes, les animaux et les plantes endémiques. Une mauvaise gestion équivaut à une grande perte économique annuelle. “Nous n’avons pas encore pu évaluer la valeur monétaire exacte du site, mais ce site représente une énorme richesse pour le pays”, explique un acteur de l’environnement.
Nambinina Jaozara