« The right man at the right place »

Finalement, Chris­tian Ntsay est reconduit au poste de Pre­mier ministre. Si la grande majorité des observateurs s’attendaient plus ou moins à une telle décision, toujours est-il que certains croyaient qu’il ne sera plus à la tête du prochain gouvernement au nom du fameux principe de
l’équilibre régional con­­cernant les différents chefs d’institution.
Ainsi, selon ce principe, comme le nouveau Président de l’Assem­blée nationale est ori­ginaire de la région Nord de Madagascar, le poste de Premier mi­nistre ne devrait plus revenir à quelqu’un issu de la même région. Ce qui est le cas avec l’actuel locataire de Mahazoarivo. Le principal souci des tenants de ce « fameux » principe est d’avoir une forte représentativité de toutes les régions dans les hautes sphères de l’Etat.
C’est toujours au nom de ce « fameux » principe qui, il faut le souligner, n’est écrit nulle part dans la constitution, que le Président de la République et son Pre­mier ministre ne peuvent pas être issus, tous les deux de la même région. Il faut reconnaitre que ce principe est fondamentalement teinté d’une certaine idée de régionalisme. Les adeptes de ce principe avancent qu’ainsi, aucune région ne sera négligée, oubliée ou défavorisée.
Si tel est leur véritable souci, il n’y a rien de rép­réhensible. Seulement, cette pseudo antinomie entre gens des hauts plateaux et côtiers a toujours été véhiculée et exploitée par des politiciens en manque de crédibilité auprès de la po­pulation. En vérité, nul ne se soucie plus guère de savoir d’où vient telle ou telle personne. Mais malheureusement, ça marche encore toujours, du moins dans certaines régions où, comme on le dit, le borgne est roi parmi les aveugles.
C’est une technique qui a déjà été mise en place et exploitée par l’ancienne administration coloniale suivant le principe bien connu « diviser pour régner », cela afin d’éviter que les autochtones ne présentent un front commun contre elle. Et cela a été perpétué par des politiciens locaux qui feraient n’importe quoi pour rester incontournable sur la scène politique nationale et sauvegarder ainsi les avantages matériels qu’ils en tirent. Et cela s’est transmis de génération en génération.
En parlant de représentativité régionale, nonobstant les pratiques politiques qui nuisent à une véritable démocratie, il n’y a pas mieux que ces élections législatives car les députés élus ne sont-ils pas censés être les porte-paroles de la population qui a voté pour eux ? A condition, bien évidemment que l’élu joue bien son rôle. Toute nomination à un poste de haut commis de l’Etat ne doit se référer qu’à la qualification et surtout à la compétence de tout prétendant à ce poste de manière que, comme on le dit dans la langue de Shakespeare, on désigne « the right man at the right place ».

Aimé Andrianina

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