AGOA : les réponses aux questions brulantes

Lors de la conférence de presse numérique clôturant le forum de l’AGOA, Constance Hamilton, Représentante adjointe des États-Unis au Commerce extérieur pour l’Afrique, et Joy Basu, Secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines du Département d’État, ont répondu aux questions des journalistes. Ils ont abordé des préoccupations allant de la perte d’admissibilité sur les chaînes d’approvisionnement aux nouveaux outils établis pour renforcer l’impact de l’AGOA. Des questions qui représentent les principales préoccupations des pays membres.

Comment répondre aux inquiétudes des ministres du Commerce des pays pouvant bénéficier de l’AGOA quant à l’impact de la perte d’admissibilité sur les chaînes d’approvisionnement et l’intégration régionales ?

Constance Hamilton

Par le biais de l’AGOA, le Congrès accorde aux pays des avantages commerciaux qui ne sont pas offerts en dehors d’un accord de libre-échange avec les États-Unis. Il s’agit d’avantages incroyables. L’AGOA donne accès au marché américain à environ – à plus de 1.800 produits qui s’ajoutent au SPG. Au total, ce sont donc près de six ou sept mille produits qui peuvent entrer aux États-Unis en franchise de droits. Et lorsque le SPG expire, les pays ayant droit à l’AGOA peuvent toujours en bénéficier parce que son expiration ne compte pas pour eux. Je dirais donc que les pays connaissent très clairement les critères que nous examinons et que, comme je l’ai dit précédemment, on ne les place pas dans une situation où ils doivent deviner s’ils satisfont ou non les critères. Nous sommes très spécifiques et en dialogue permanent avec les pays en difficulté. Ainsi, lorsqu’un pays perd son admissibilité à l’AGOA, c’est parce qu’il a déjà été averti à plusieurs reprises qu’il était en train de franchir une limite de nature à compromettre son maintien dans le programme. Et s’il choisit de ne pas répondre aux préoccupations que nous avons soulevées, vu la manière dont l’AGOA est rédigée, la perte de l’admissibilité à l’AGOA est presque inévitable. Je dirais donc aux pays qui sont en difficulté, qui ont été avertis – soit par une démarche, soit par une lettre, soit lors d’un échange individuel – de prêter attention à ce que nous disons parce que, du fait de la manière dont l’AGOA est structurée, c’est en respectant les critères que l’on peut rester dans le programme. Les pays ne peuvent être radiés de l’AGOA que s’ils ne satisfont pas aux critères d’admissibilité. Ce n’est donc pas aux États-Unis de s’en assurer, mais aux gouvernements bénéficiaires de l’AGOA de s’assurer qu’ils respectent ces critères afin que les chaînes d’approvisionnement ne soient pas perturbées.

Que prévoyez-vous exactement en disant que vous souhaitez fournir des outils supplémentaires pour évaluer et rétablir l’admissibilité ?

Constance Hamilton

Ce que nous voulons vraiment, c’est renforcer le recours au programme, en particulier par les pays les moins développés. Lorsque nous faisons le bilan de l’AGOA, nous constatons que quatre ou cinq pays l’utilisent pleinement, qu’un ou deux l’utilisent plus que les autres, mais que les pays les moins avancés y ont à peine recours. Après 25 ans, l’un des principaux résultats escomptés était que ces petits pays qui utilisent un programme comme l’AGOA assurent la croissance économique et le développement de leur population. Or ce n’est pas le cas. Ce n’est vraiment pas le cas dans le cadre du programme, si l’on considère la situation d’aujourd’hui. Nous espérons donc que, lorsque le Congrès réfléchira à la manière de moderniser ce programme, de nouveaux rôles ou de nouveaux mécanismes seront mis en place pour accroître l’utilisation de l’AGOA. Il ne s’agit pas seulement de notre côté, mais il est aussi possible que le Congrès demande aux pays de prendre certaines mesures pour améliorer leur recours au programme. L’élaboration de ces stratégies d’utilisation est une question dont nous parlons depuis plusieurs années. Certains pays en ont adopté, mais beaucoup d’autres n’ont pas encore tiré parti de cette possibilité. Les pays – ce que l’AGOA peut faire à notre avis, c’est trouver un moyen de moderniser le programme de manière à encourager les investissements de haut niveau, d’encourager l’intégration de la chaîne d’approvisionnement, la résilience et la compétitivité – il y a peut-être des éléments que le Congrès peut incorporer à la législation à cet effet – et qui facilitent l’admissibilité – et qui contiennent des critères d’admissibilité pour soutenir les politiques qui favorisent davantage le respect des droits de la personne et des droits des travailleurs. Nous voulons nous assurer que les pays savent ce que nous attendons d’eux et ce qu’ils peuvent faire pour satisfaire certains de ces engagements auxquels le Congrès s’intéresse actuellement. En ce qui concerne la modernisation du programme, je répondrai en quelques mots que nous voulons simplement le rendre plus efficace pour tous ceux qui participent à l’AGOA et pour les bénéficiaires des avantages, c’est-à-dire les travailleurs et les habitants de ces pays.

L’échéance de 2025 se rapproche. Quelle réponse envisage-t-on aux appels à une prolongation anticipée et à un accord plus long de 10 ans ?

Joy Basu

Ce que je peux dire très brièvement, c’est que l’administration a exprimé son soutien à une réautorisation rapide de l’AGOA avant que la loi ne vienne à expiration à la fin de l’année fiscale 2025. Il nous reste donc environ 14 mois. Nous avons indiqué que nous étions favorables à une réautorisation rapide, et à une réautorisation dès que possible. Évidemment, ce sont nos collègues du Congrès qui décident, mais si vous regardez un certain nombre de projets de loi qui ont déjà été introduits, je pense que vous verrez qu’une période de prolongation plus longue – au moins une période de prolongation stable – est actuellement envisagée, ce qui serait pour nous une bonne nouvelle puisque cela permettrait de donner aux sociétés et aux entreprises cette stabilité sur la période que le Congrès leur accorde. Mais si vous regardez les projets de loi qui ont été présentés jusqu’à présent, je pense que nous voyons des tendances positives pour une période comprise entre 10 et 20 ans. Cependant, on verra ce que le Congrès va décider dans la version finale. Mais je vous remercie pour cette question

Constance Hamilton

Disons simplement que c’est au Congrès qu’il appartient de rédiger, d’approuver et d’adopter la loi. Je suis convaincue que cela se fera avant l’expiration de l’AGOA en 2025. Je ne peux pas vous donner de date pour prédire quand cela se produira. Je pense, au vu du calendrier et de tout ce qui se passe ici, qu’il est peu probable que cela se produise en 2024, mais je m’attends à ce que cela se fasse au début de 2025.

 

Le Forum sur la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA) s’est tenu à Washington DC, aux États-Unis, du 24 au 26 juillet, avec la participation de Madagascar. Selon des statistiques publiées par l’Ambassade des États-Unis à Madagascar, les échanges commerciaux entre Madagascar et les Etats Unis en 2023 s’élèvent à environ 784 millions de dollars. De ce total, 622 millions de dollars représentent les exportations de la Grande île vers les États-Unis, tandis que les importations en provenance des États-Unis atteignent environ 62 millions de dollars.

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