Mahajanga: les déboires des opérateurs touristiques

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour les opérateurs économiques à Mahajanga. Une ville très touristique qui, normalement, atteint le pic de ses activités économiques durant les périodes de vacances. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire qui se produit : les opérateurs sont régulièrement confrontés à des coupures d’eau et d’électricité.
« A cause du délestage, nous sommes contraints d’engloutir une fortune en carburant pour faire fonctionner nos groupes électrogènes. Cette situation n’est pas viable sur le long terme, étant donné le prix du carburant. Sans compter les autres charges telles que l’entretien des trottoirs et les évacuations d’eau près de nos établissements » regrette un hôtelier. « Tout comme l’année dernière à la même période, nous sommes dans une situation catastrophique. Je dirais même que c’est pire que lors du confinement. On a pourtant beau anticiper mais ces paramètres comme l’indisponibilité de l’eau et de l’électricité ne dépendent pas de nous » poursuit-il.
Les hôteliers font également face à un autre problème. « Des gens qui se réclament représentants des autorités locales mènent des contrôles de taxe de séjour, en exigeant des paiements en espèce, ce qui est d’ailleurs interdit par la loi. Evidemment, ce sont les mêmes hôtels formels qui font l’objet de ce genre de contrôle. Parfois même, ces personnes n’ont ni ordre de mission, ni carte professionnelle », fustige un hôtelier.
D’après les opérateurs, les établissements formels n’ont aucune objection pour déclarer et payer. Mais les contrôles doivent se faire en priorité sur ceux qui opèrent dans l’informel, puis sur les formels en fin de saison. En effet, les établissements formels ont déjà assez de problèmes à gérer tels que la concurrence déloyale dont les hôtels informels, les complexes résidentiels à louer non déclarés.
Néanmoins, les acteurs du tourisme sur place saluent le travail équitable de la région et de la direction générale du tourisme de Mahajanga qui ont déjà contrôlé des dizaines d’établissements informels.
Une autre problématique pointée par les opérateurs est l’état délabré des infrastructures routières. Il faut compter entre 12 à 14 heures pour rejoindre Mahajanga depuis Antananarivo. Cela dissuade les touristes locaux, donc les gens qui habitent à Madagascar mais aussi les touristes étrangers, d’emprunter la voie terrestre. C’est d’autant plus désolant pour ces derniers car ils n’ont pas beaucoup de temps et en perdent une grande partie sur les routes.
La situation à Mahajanga est loin d’être un cas isolé. Toutes les régions, y compris la capitale, sont confrontées à ce problème d’énergie et d’infrastructures routières.
« Parce qu’on n’a pas d’hydroénergie, on n’a pas non plus de souveraineté nationale énergétique. Si l’importateur de carburant ne livre pas, il n’y a plus de courant et tout s’arrête : c’est très grave. Il ne faut pas oublier que le livreur de carburant est un commerçant. Depuis le temps qu’on dit qu’il faut investir dans des grands barrages avec toute l’eau qu’on a, mais on ne le fait pas… », lance un expert en énergie.
Ce problème se répercute forcément sur le taux de remplissage.
« Le taux d’occupation a baissé par rapport aux années précédentes. En plein mois d’août, nous sommes à environ 50% au lieu d’être complet », témoigne un opérateur. La situation est également difficile du point de vue de la liaison aérienne. Depuis un certain temps déjà, les opérateurs touristiques ont demandé la réouverture du vol Mahajanga-La Réunion, mais cela reste toujours en attente. L’offre de vols domestiques est également limitée. Effectivement, seul Madagascar Air­lines assure les vols domestiques et le nombre d’appareils est loin d’être suffisant.

Tiana Ramanoelina

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