Simon Randria: un « baobab » de la musique malgache s’est éteint

La musique malgache pleure la disparition de Simon Randrianatoandro, visage affable du groupe Kaiamba, samedi à l’âge de 70 ans, alors que la formation s’apprête à célébrer cette année le demi-siècle des « éditions musicales Kaiamba ».

«Sa dernière tournée au sein du groupe Kaiamba remonte en début d’année à Maha­janga. Au mois de mars, il a été diagnostiqué d’une tumeur dans le lobe supérieur du poumon droit avant de subir une opération, deux mois plus tard. Affaibli par la maladie, il a rendu l’âme samedi à 15 heures 49 minutes à Iavoloha », a expliqué au bout du fil son fils aîné, le Dr Tahiana Andriaharima­lala.
Né le 28 octobre 1954 à Ankazomanga, Antana­na­rivo, Simon Randria est un auteur, compositeur et interprète accompli. Elevé dans la pure tradition catholique, il a prêté son talent de guitariste au sein de la chorale de l’Ecar Tsaramasay avant de faire carrière dans la mu­sique à l’orée des années 70. Alors que la Grande île est sur le point d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire en 1972, Simon Randria sort son premier vinyle 33 tours au sein du studio Discomad. Parmi ses titres emblémati­ques, on citera « OK ! OK ! », « Ianao Irery » ou encore « Mba Rahoviana Re ».  « Il est le benjamin des Kaiamba, mais il a gagné tout le respect de ses pairs grâce à son talent et son humilité », a assuré son aîné.

Chef d’orchestre

Tout aussi à l’aise avec les instruments à vents, à cordes et les instruments polyphoniques, le maestro a été appelé à fonder l’orches­tre militaire de Fianarantsoa, celui du DAAP/Capsat Soanierana et celui de l’Etat-major général de l’Armée Malagasy à Andohalo. Son ultime composition « Zay Rehetra Sitrakao » sort sur les ondes en 1992, avant que l’artiste ne décide de se lancer dans le clip vidéo et la tournée promotionnelle de ses œuvres aussi bien au sein du légendaire Kaiamba qu’en solo. « Nous nous som­mes connus depuis la prime jeunesse mais Simon est particulièrement doué d’une créativité et d’une vision artistique résolument contemporaine. Au mois d’octobre, nous avons pensé à célébrer d’une manière symbolique les 50 ans des éditions musicales Kaiamba, qui nous ont révélés sur la scène musicale mais le destin en a décidé autrement », s’attriste Prosh’Ely, son compagnon de scène.
Pour sa précieuse contribution au rayonnement de la musique malgache, il a été élevé au rang de commandeur de l’ordre national malagasy avant son départ en retraite en 2014 et l’ordre des arts, des lettres et de la cul­ture en 2017.
Une veillée funèbre a lieu actuellement dans sa de­meure familiale à Ankazo­manga. Mercredi, les prières de l’absoute lui seront dé­diées à l’Ecar Antani­me­na, avant que le corps ne soit inhumé, le jour même, dans son caveau familial à Am­bodiafontsy Ampita­tafika.

Joachin Michaël

Partager sur: