Les organisations de la société civile et le secteur privé tirent la sonnette d’alarme face à la « détérioration de la situation financière de la Jirama », entreprise publique de distribution d’eau et d’électricité. Dans un communiqué publié hier, ces entités appellent le gouvernement et les dirigeants de la Jirama à prendre des mesures urgentes et adaptées pour protéger les citoyens et améliorer la gestion de la société.
«La situation financière de l’entreprise
sur laquelle repose le quotidien des citoyens, se détériore considérablement », ont déclaré des organisations de la société civile et le secteur privé dans ce communiqué signé et publié hier. Le gouvernement et les dirigeants de la Jirama sont sommés de prendre les mesures adéquates pour le bien des citoyens. Ils déplorent également le faible accès à l’information concernant la Jirama.
Les chiffres avancés par les signataires montrent que « entre 2020 et 2022, les résultats financiers de la Jirama ont plongé, passant d’un déficit de -378 milliards d’ariary à 666,4 milliards d’ariary ». Les dettes et emprunts de l’entreprise ont augmenté de 23,2% durant cette même période, tandis que les besoins en fonds de roulement atteignent désormais -612,2 milliards d’ariary. De plus, le ratio consommation/production s’est nettement détérioré, passant de 157,3% en 2021 à 203,3% en 2022, illustrant les graves difficultés opérationnelles de l’entreprise.
Outre les résultats financiers, « la mauvaise gouvernance de la Jirama » est également pointée du doigt. Ils dénoncent les récents cas de corruption impliquant les dirigeants, ainsi que l’opacité des contrats signés avec des compagnies pétrolières, jugés désavantageux et contribuent à alourdir la charge financière de l’entreprise et creuser davantage son déficit. Les organisations critiquent également le « manque de transparence de la Jirama », et réclament un accès accru aux informations sur sa gestion.
Stratégie de redressement ?
Les récentes mesures gouvernementales pour assainir le secteur énergétique, comme l’adoption de la Loi de finances rectificative (LFR) 2024 mobilisant 1.032 milliards d’ariary et l’instauration d’une pénalité de 5% sur les factures des particuliers en retard de paiement, sont jugées insuffisantes et même pénalisantes pour la population. La société civile appelle ainsi à une stratégie de redressement claire, fondée sur des objectifs réalistes et mesurables, pour redresser durablement la Jirama.
Dans ce sens, les organisations de la société civile exhortent le gouvernement à publier les montants des subventions, des arriérés de paiement de la Jirama, ainsi que les subventions sur les prix du carburant. Ils demandent également des sanctions exemplaires contre les corrompus et la suspension des contrats jugés léonins. Un dialogue entre la société civile, le secteur privé ainsi que les partenaires techniques et financiers est requis pour établir conjointement les mesures nécessaires à une gestion plus optimale de la Jirama.
Enfin, les parlementaires sont appelés à exercer un contrôle rigoureux des subventions allouées au secteur énergétique par le biais d’enquêtes parlementaires et de questions orales et écrites
au gouvernement. Pour les organisations de la société civile et le secteur privé, seul un sursaut collectif permettra de sauver la Jirama et d’assurer un service public de qualité aux citoyens.
Arh.