Du pain sur la planche

Dans le cadre de la restructuration de la gestion des ressources humaines de l’Etat, on va procéder à un redéploiement des agents de l’Etat en fonction de leurs diplômes, leurs expériences et les be­soins de chaque département ministériel et chaque institution.
L’initiative est tout à fait légitime dans la mesure où, quand on se trouve dans les lo­caux de certains ministères ou institutions, pour une raison ou une autre, on constate que des salles sont saturées. C’est à peine si certains agents trouvent de la place pour y mettre leur bureau respectif. Il suffit de passer du côté d’Antaninarenina pour le constater.
Par contre, dans d’autres, le manque d’effectif est réel. Pour cette raison, il arrive qu’on attende plusieurs minutes avant de trouver un interlocuteur. Mais il existe un dénominateur commun dans tous les services publics : On y voit toujours des agents qui ne font que tourner le pouce comme s’ils n’avaient rien à faire.
C’est l’une des raisons pour lesquelles les fonctionnaires ne béné­ficient pas d’une très bonne considération auprès de la population en général. Cette dernière s’attend à quelque peu de redevabilité en contrepartie de tout ce qu’elle paie sous la forme d’impôts et de taxes qui permettront de rémunérer ces agents de l’Etat.
Quoi qu’il en soit, ce redéploiement est très ambitieux. Selon les res­ponsables, il va se fonder sur le principe :
« La bonne personne à la bonne place ». Toutefois, il faut considérer que ce ne sont pas les diplômes qui garantissent la compétence. Ils sont nécessaires mais pas suffisants.
Il faut d’abord voir quelqu’un à l’œuvre pour savoir s’il peut s’en sortir ou non. Et c’est seulement après que l’on pourra se faire une idée sur son efficacité. D’au­tant plus que l’utilisation de faux diplômes pour intégrer l’administration publique a été maintes fois dénoncée.
Beaucoup d’autres facteurs peuvent entraver l’application de ce principe. Entre autres, on peut citer le copinage, la cooptation, l’appartenance à une même couleur politique, le régionalisme… et même le népotisme. Ce sont des critères qui n’ont rien à voir avec les compétences d’une personne.
Ces pratiques existent bel et bien. Et ne pas en tenir compte n’est autre qu’une volonté d’ignorer la réalité. Pour une raison ou une autre, certains responsables préfèrent fermer les yeux face à de telles pratiques qui, de ce fait, se perpétuent.
On avance que tout refus d’affectation est passible de sanction. Le bâton ainsi brandi (sans la carotte) sera-t-il suffisant pour que toutes les mauvaises habitudes au sein de la fonction pu­blique se perdent ? Rien n’est moins sûr. Ce dont on est certain, pour at­teindre les objectifs visés, c’est qu’on va avoir du pain sur la planche.

Aimé Andrianina

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