Déshabiller Pierre, pour habiller Paul

Le montant du Cré­dit d’investissement destiné à l’appui au développement (Ciad) est passé de 250 mil­lions d’ariary à 60 mil­lions cette année tel qu’il a été décidé dans le cadre de la Loi de finances rectificative 2024. Cette réduction plus que significative du Ciad aura certainement d’importantes conséquences au ni­veau des différentes collectivités décentralisées.
Pour rappel, il faut souligner que le Ciad permet aux députés d’initier, chaque année, des projets d’envergure dans leur circonscription respective. Par­mi ces projets, on peut citer entre autres, le financement des in­frastructures au niveau des communes telles que les écoles, les routes…, autrement dit, des infrastructures qui sont bien utiles à la population.
Face à cette réduction de l’allocation annuelle, de nombreux élus se trouvent dans le désarroi dans la mesure où ils ont beaucoup misé sur ce financement pendant leur promesse de campagne. Ils y ont compté pour réaliser les investissements promis s’ils étaient élus. Et là maintenant, ils se trouvent devant leur responsabilité respective
Comment faire maintenant, comment s’en sortir ? Ce sont les questions que se posent au­jourd’hui les députés afin de trouver une solution pour se sortir de cette situation délicate.
Il est certain que les
critiques ne vont pas manquer de la part de leurs électeurs respectifs quand ces derniers verront que leur élu ne peut ou n’a pas pu réaliser ce qu’il avait promis.
Bien évidemment, ces électeurs ne se soucieront guère du fait que cette situation ne dé­pend pas de leur élu s’il y a eu ou non de financement. Pour eux, la seule chose qui compte est la réalisation des promesses. Et c’est ainsi que commence le discrédit des hommes politiques et beaucoup d’entre eux y laisseront leurs plumes.
Il faut savoir que cette coupe sombre réalisé sur le Ciad (de plus de 75% du montant total) ira au profit de la Jirama si l’on tient compte des explications du Premier minis­tre lors de la présentation du Programme gé­néral de l’Etat. Effecti­vement, elle va combler le déficit budgétaire de 1 300 mil­lions d’ariary qui ont été alloués à la compagnie nationale d’eau et d’électricité.
Certes, la Jirama a un rôle essentiel à jouer dans l’économie de Ma­da­gascar. Mais il y aura toujours quelqu’un qui pensera et dira que ce n’est pas encore toute la population du pays qui profite de l’eau courante et de l’électricité distribuées par la Jirama. Alors qu’en ce qui con­cerne les projets financés par le Ciad, toutes les collectivités décentralisées en bénéficient. Au­tant dire alors qu’on n’a fait que déshabiller Pier­re pour habiller Paul.

Aimé Andrianina

Partager sur: