C’est la bonne

Dans le marché du travail à Madagascar, il existe un réseau informel qui pourvoit au besoin de chaque fa­mille en matière de gens de maison. Ce réseau est composé de nombreux démarcheurs qui ont des contacts dans les différentes ré­gions du pays.
Il est un fait social que dans presque cha­que foyer malgache, on trouve toujours des gens de maison. Géné­ralement, c’est un rep­résentant de la gent féminine qui est à la fois femme de ménage, cuisinière, lingère… Et quand le couple travaille et qu’il a des enfants, elle sert également de nounou.
Globalement, c’est la femme à tout faire qui n’a jamais bénéficié d’une formation spécifique ou spécialisée. Il ne peut pas en être autrement quand ces employées sont des vo­lontaires de l’exode ru­rale faute de travail dans les villages d’où elles viennent. Aucun avenir ne leur est donné en perspective.
Elles arrivent dans la capitale ou les autres grandes villes du pays en espérant y trouver
du travail plus facilement. Ce qui est facilité par l’existence du réseau de démarcheurs. Ces der­niers perçoivent une com­mission qui est payée par l’employeur en cas de recrutement.
Ce sont surtout des jeunes filles qui viennent des villages périphéri­ques de la capitale et même des provinces dont le premier objectif était de travailler dans une entreprise. Mais en l’absence de qualification, elles n’ont pas été recrutées. La seule issue pour elles est de travailler en tant que gens de maison.
Quand les deux parties (l’employeur et l’employé) sont tombées d’accord, la suite dépendra des rapports sociaux qui en découleront. Des deux côtés, c’est en quel­que sorte une loterie, car on ne sait pas à l’avance sur quelles bases vont s’étab­lir ces rapports.
Pour l’employé, le mieux qu’il souhaite est de tomber dans un foyer où on le considérera comme étant un membre de la famille à part entière. Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Dans beaucoup de cas, nombreuses sont les gens de maison qui restent dans la même fa­mille jusqu’à leur mort.
Mais dans beaucoup de cas également, il arrive que les relations sont très tendues. Dans certains cas, les rapports entre l’employeur et l’employé ressemblent toujours à ceux qui ont eu cours lors de la période de l’esclavage. Dans ces conditions, la collaboration ne fera pas long feu.
Pour l’employeur, il se peut également qu’il tombe sur une personne qui n’est pas animée de bonnes intentions. Cela arrive bien souvent, surtout si le couple travail­le. L’employé peut profiter de leur absence pour rafler tous les objets de valeur et disparaitre. Ces derniers temps, on a assisté à de nombreux cas analogues.
Autrement dit, quand on recrute des gens de maison, surtout si elles ne viennent pas d’une agence de placement formelle, c’est comme jouer à pile ou face. On peut tomber sur la bonne personne ou le contraire. Quand on recrute une véritable perle, c’est qu’on a eu de la chance car on peut se dire que c’est la bonne !

Aimé Andrianina

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