Le passage brutal à la retraite reste un choc difficile à vivre pour quantité de personnes. Pour de nombreuses raisons (coût de la vie de plus en plus cher, pension de retraite insuffisante, …), de nombreuses personnes âgées préfèreraient continuer de travailler même après l’âge de retraite de 60 ans. Elles déclarent prêtes à travailler jusqu’à 64 ou
65 ans pour avoir une bonne retraite. Cela concerne principalement les cadres. C’est une position qui est largement corrélée à la situation sociale.
Mais comment évoquer la possibilité de travailler plus longtemps pour les seniors quand le taux de chômage est très élevé ? Et ce sont les jeunes qui en sont les plus touchés. Pourtant, les seniors, avec leurs compétences et leur envie de travailler sont une chance pour les entreprises. Le vivier est là. Seulement, pour beaucoup d’entreprises, la politique d’embauche est tournée en priorité vers les jeunes, si possible hyper motivés, super disponibles et formidablement bien formés… .
C’est ainsi que les plus de 50 ans continuent d’être évincés au sein des entreprises. Le personnel concerné d’une entreprise franche de la capitale vient d’en faire les frais. La raison est que pour une grande partie des dirigeants et des responsables de ressources humaines, l’image des seniors est encore largement associée à une charge économique. D’autant plus que les jeunes acceptent facilement
d’être rémunéré bien en deçà de leur qualification vu les difficultés pour trouver un emploi.
Parmi les autres griefs qu’on porte à l’encontre des seniors est un problème de cohésion interne, un risque de productivité… Sans compter que bien trop souvent, on estime, à tort ou à raison, que la présence en nombre de seniors dans leur organisation a un effet repoussoir sur les candidats plus jeunes. Pour un grand nombre de recruteurs, les seniors ont du mal à s’intégrer dans un collectif de jeunes et à s’adapter aux évolutions technologiques. Ce qui n’est jamais évident.
Ce sont des a priori qui ne sont pas toujours fondés et les recruteurs feraient bien de changer de regard à ce sujet. Qu’on le veuille ou non, il faut noter qu’il y a une certaine contradiction dans la politique d’embauche des entreprises. Tout d’abord, on exige de nombreuses années d’expérience aux débutants d’un métier. Mais après quelques années, on cherche à s’en débarrasser sous tous les prétextes. Et tout ça pour pouvoir embaucher de nouveaux « talents ».
Pourtant, la fin de la vie professionnelle pourrait être aussi un temps utilisé pour la transmission de savoir-faire entre l’expérimenté et un salarié découvrant le métier. Pour cela, il faut que le « courant » passe entre les deux parties. Et c’est à elles seules de trouver les moyens d’y parvenir. La transmission du savoir-faire doit venir naturellement en maintenant un certain équilibre afin de permettre aux seniors de transmettre le flambeau.
Aimé Andrianina