Rite funéraire: le « Famadihana » bat son plein

Se déroulant en général à partir du mois de juillet jusqu’en octobre, la période du retournement des morts ou « Famadihana » bat son plein actuellement sur les hautes terres. Une dizaine de demandes d’autorisation par semaine sont enregistrées auprès de certaines communes de l’Atsimondrano et de l’Avaradrano.

«Les astrologues désignent cette semaine comme une journée propice à la pratique de cette tradition, en particulier mardi et mercredi», a confié un des pratiquants de ce rite funéraire dont la famille est en pleine «Famadihana» à Alakamisy Fenoarivo (Atsimondrano). Il a ensuite souligné : «Le retournement des morts est réalisé tous les sept ans. C’est le seul moment de communion et de retrouvailles familiales pour consolider les liens. Un instant de rencontre également pour la nouvelle génération».

Un placement sûr
Le «Famadihana» est également considéré comme un placement sûr en milieu rural. En particulier dans les régions du Vakinanka­ratra, Amoron’i Mania et Haute Matsiatra.
Comme la pratique de ce rite funéraire engage une dépense considérable, les invités y prennent part en donnant leur quote-part dénommé «Kao-drazana». Et c’est à ce moment-là qu’entre le principe d’«Hatero ka alao», littéralement donner et reprendre. En effet, lorsqu’arrive le tour de l’exhumation de la famille invitée, il lui faut rendre la quote-part auquel elle avait contribué auparavant, mais cela toujours avec un surplus.
Dans la plupart des cas, le surplus exigé et au moins de 10 à 20%. Par exemple si une famille avait donné 100.000 ariary, elle le reprendra à 120.000 ariary lorsque son tour viendra. Dans certaines régions, ce surplus va jusqu’à 50%. Elle est ainsi une sorte de placement pour la famille invitée, une fois que son tour viendra en tant que famille hôte. Le fait de ne pas s’acquitter du «Hatero ka alao» met la personne téméraire au ban de la société s’il lui arrive quoi que ce soit. Elle sera de ce fait bannie à jamais par ses concitoyens.

Source de revenus pour les communes
Cette tradition funéraire figure parmi les sources de revenus des communes, surtout en milieu rural. Le montant varie selon l’importance accordée à l’exhumation. Si elle est célébrée avec faste, le minimum exigé est de 100.000 ariary, voire le double dans certaines communes. En effet, pour certaines familles, le retournement des morts rime toujours avec grande festivité, où l’on rend hommage aux ancêtres tout en divertissant les vivants. De ce fait, l’événement dure au moins trois jours et la famille invite les proches et les habitants environnants à prendre part au «Vary be menaka», un festin constitué d’un plat de riz accompagné de viande de zébu de fosse ou de porc bien gras. Le tout accompagné de boissons alcoolisées qui coulent à flots.
Toutefois, dans le cas où le rituel s’arrête uniquement au cimetière avec l’enveloppement des morts, les communes exigent autour de 30.000 ariary.

Sera R.

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