Tomber de Charybde en Scylla

Les délestages et la pénurie d’eau constituent aujourd’hui la principale préoccupation des foyers dans la capitale. C’est d’une évidence irréfutable quand on entend les gens discuter. Le sujet tourne toujours autour de l’eau et de l’électricité. Pour cette raison, d’autres problèmes non moins cruciaux sont pour le moment laissés de côté.
Pourtant, il existe d’autres sujets qui dev­­raient passer avant l’eau et l’électricité. C’est le logement. Avant toute chose, avant qu’on parle d’eau ou d’électricité ou des deux à la fois, il faut auparavant trouver un logement. Et à ce sujet, la situation est également critique dans la capitale et peut être aussi bien, dans les autres grandes villes du pays.
En matière de logement, il faut reconnaître que l’offre et la demande n’évoluent pas à la même vitesse. L’expli­cation la plus simple est que s’il faut des mois pour construire et terminer une maison d’habitation, les nouveaux venus dans les grandes villes arrivent quotidiennement par vagues, pour une raison ou une autre (affectation, poursuite des études, exode rurale…).
De ce fait, la crise du logement s’aggrave de jour en jour. Tous les jours, on assiste à des expulsions. Les propriétaires de logement d’habitation n’ont que l’embarras du choix pour trouver de nouveaux locataires compte tenu de l’insuffisance de l’offre. Tout dernièrement, on vient d’apprendre qu’environ 50% des ha­bitants de la capitale sont des locataires.
Les investissements privés dans l’immobilier (sociétés immobilières ou particuliers) sont de plus en plus importants mais ils ne suffisent pas pour satisfaire la de­man­de. La cherté des loyers conjuguée au petit nombre de logements disponibles fait qu’il devient de plus en plus difficile de trouver où loger dans les grandes villes.
D’autant plus que les salaires n’ont pas augmenté aussi rapidement que le montant des loyers. Les loyers ont enregistré une hausse considérable ces dernières années. Et pour le moment, se loger dans un hôtel pour une durée relativement longue est inconcevable pour beaucoup de malgaches et surtout, ne peut être à la portée de toutes bourses.
D’un autre côté, l’attente des logements de type HLM construits par l’Etat se fait atten­dre. On remarquera que les nouvelles villes ins­tallées relativement éloignées des grandes villes n’attirent pas les nouveaux venus. Ce sont plutôt les familles dé­favorisées ayant vécu pendant une période assez longue dans la capitale ou les autres grandes villes qui acceptent de s’y installer.
Pour les nouveaux venus, leur nouvelle vie dans un grand centre urbain est une nouvelle aventure. Leur raisonnement est tout simple. Ils n’ont pas quitté leur mode de vie dans la campagne pour vivre de nouveau loin d’un centre urbain qui offre beaucoup d’attraits qu’ils n’ont pas connus auparavant surtout en matière de divertissements. Ce serait pour eux de tomber de Charybde en Scylla.

Aimé Andrianina

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