A la fois juge et partie

La note circulaire du ministère de la Justice interdisant les magistrats de recevoir les justiciables sur rendez-vous n’a pas été bien accueillie unanimement par ceux qui doivent rendre une décision de justice. Pour certains, ils estiment que cette note va à l’encontre des intérêts des justiciab­les.

Pour ceux qui dép­lo­rent l’existence de cette note, c’est le con­cept de justice de proximité qui est ainsi en quelque sorte pris à contre-pied. Et d’ajouter que si les justiciables demandent à les rencontrer, c’est dans l’objectif de demander des conseils.

Et d’avancer qu’il y a des justiciables qui n’ont pas les moyens de se défendre ou plus précisément, n’ont pas les moyens de se payer un avocat qui défendra leurs droits. En effet, avoir les moyens de payer les honoraires d’un avocat n’est pas donné à tout le monde.

Ces honoraires sont bien souvent très élevés. Et plus on a recours aux services d’un bon avocat, plus ses honoraires sont chers. Bien évidemment, il ya toujours des exceptions. De toutes les façons, tous les bons avo­cats ne sont pas chers, et n’exigent pas des émoluments hors de prix. Et ce n’est pas parce qu’il vous demande des hono­raires faramineux que c’est un bon avocat.

Il faut savoir qu’il existe toujours un moyen pour se faire représenter devant les tribunaux à moindre coût ou sans aucun frais du tout.Tout justiciable peut bénéficier de l’aide d’un avocat commis d’office. La no­mination d’office d’un avocat au cas où l’une des parties ne pourrait pas se payer les services d’un avocat est possible.

Bien évidemment, l’efficacité d’un avocat commis d’office n’est pas garantie d’avance. Mais mieux vaut en avoir un que pas du tout. Quoi qu’il en soit, ce système permettra également aux avocats novices ou stagiaires de fourbir leurs armes en défendant des cas réels. Ainsi, tout le mon­de y trouvera son compte.

Par contre, pour le ministère de la Justice, c’est une mesure parmi tant d’autres de lutte contre la corruption. Nul n’est besoin de rappeler que le département de la justice figure parmi les départements où le ni­veau de corruption est re­lati­vement élevé d’après des études réalisées par les institutions internationales.

Il faut reconnaître que la lutte contre la corruption est une lutte de longue haleine et surtout honorable. A ce titre, il importe, autant que faire se peut, de redorer le blason du département de la justice, de manière à ce que tous les justiciables croient que toute décision de justice est rendue en toute impartialité.

Et le fait que l’une ou les deux parties rencontrent un de ceux qui sont censés donner une décision de justice finale ne manquera pas de soulever des doutes. En interdisant ces rencontres, on veut éviter toute suspicion de corruption. Et surtout, c’est pour éviter que le magistrat soit à la fois juge et partie.

Aimé Andrianina

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