Financements climatiques: Madagascar a besoin de 24,4 milliards de dollars jusqu’en 2030

Madagascar fait partie des pays les plus exposés au réchauffement climatique, dont les effets affectent déjà tous les secteurs de son économie, ses écosystèmes et ses populations, en particulier, les femmes et les enfants. Et la Grande île a besoin de soutien financier conséquent pour y faire face.

La Contribution déterminée nationale 2 (CDN2) de Madagascar prévoit de réduire à 28% les émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2030 et de renforcer la résilience du pays. Et pour atteindre cet objectif, le pays a besoin de 24,4 milliards de dollars jusqu’en 2030, dont 11, 6 mil­liards de dollars pour l’adaptation, 7,3 milliards pour l’atténuation et 2,8 milliards de dommages et de pertes, selon la ministre de l’Economie et des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, hier au Novotel Antananarivo, lors d’une table ronde sur les financements climatiques, organisée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) avec le gouvernement malgache (MEF, MEH, MEAH, MEDD).
« L’objectif est d’appuyer la mise en œuvre du programme de Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) du FMI », a fait savoir le Medd dans un communiqué. Dorénavant, le changement climatique et le développement sont indissociables.
Dans son plaidoyer, la ministre Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison a mis l’accent sur l’importance d’élargir l’accès aux financements, qu’elle juge « juste et légitime ». La Grande argentière a rappelé que Madagascar, bien que faiblement pollueur, est parmi les pays séquestrant le plus de gaz à effet de serre, tandis que les pays riches, principaux responsables du changement climatique, continuent de polluer massivement.
« Madagascar doit emprunter auprès de ces nations pour faire face aux conséquences des catastrophes climatiques », a-t-elle soutenu.
Et selon le ministre de l’Environnement et du Développe­ment durable (MEDD), Max Fontaine, « 2,4 milliards de dollars sont également nécessaires pour les actions de protection de l’environnement et les initiatives de la transition énergétique à Mada­gascar ».

Compensation financière

Le pays subit régulièrement les effets dévastateurs des catastrophes naturelles, notamment des cyclones. La ministre de l’Economie a rappelé le passage de cinq cyclones (2021-2022), qui ont engendré des pertes et dégâts estimés à plus de 770 millions de dollars, soit 4,2 % du PIB national.
A ce jour, Madagascar n’a reçu qu’une partie de l’aide nécessaire, soit 10 % de ce montant. La ministre plaide pour une compensation financière de la part des pays riches, qu’ elle qualifie de « réparation morale ».
Parmi les solutions proposées, Madagas­car sollicite également l’annulation de sa dette climatique, suggérant une réorientation de ces fonds vers des investissements socio-économiques, inscrits dans la politique générale de l’Etat (PGE). « Madagascar doit choisir entre se développer ou se reconstruire », a évoqué la ministre Rindra Hasimbelo Rabari­ni­rinarison, soulignant que la capacité d’endettement du pays, limitée à 800 millions de dollars US par an, ne permet pas de répondre simultanément aux deux priorités.

Puits de carbone

« Si la tendance actuelle d’émission de gaz à effet de serre ne s’inverse pas, la Grande île perdra son statut de puits de carbone et deviendrait un émetteur net dans moins de cinq ans », a averti toutefois le Medd.
Dans ce sens, Madagascar doit tirer profit de son potentiel, en mobilisant sa richesse en ressources naturelles. Le pays pourra se positionner comme une destination privilégiée pour les investissements dans le domaine du climat, que ce soit à travers de projets d’adaptation ou de mitigation.
Dans cette perspective, plusieurs initiatives sont en cours. A citer la construction de centrales solaires et centrales hydroélectriques, l’élaboration d’une politique relative à la promotion de la cuisson propre ou « clean cooking », ainsi que la distribution de kits solaires aux ménages les plus vulnérables. Ces projets s’inscrivent dans le cadre de l’ODD 7, notamment l’accès de tous à des services énergétiques propres, durables, modernes, et à un coût abordable.

Arh./Sera R.

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