Une scène devenue presque banale, mais jusqu’à quand ? Rapportée par la presse hier, une mère de famille en pleine conversation téléphonique, du côté d’Ampefiloha, empruntait un passage près de l’immeuble Fiaro pour rejoindre Anosy lorsqu’elle s’est fait voler son portable et ses bijoux, y compris son alliance, par deux individus surgis de nulle part. « J’étais en train de téléphoner quand un homme s’est dressé devant moi, m’a saisie par le cou et m’a ordonné de ne pas remettre mon téléphone dans mon sac », raconte-t-elle. Et elle ajoute : « Personne n’a remarqué ce qui se passait car je n’ai pas eu
le temps de crier au secours. »
C’est le genre de scène qui peut se dérouler en plein jour dans plusieurs quartiers de la capitale, souvent sous les yeux de passants qui ne s’en émeuvent plus ou, même lorsqu’ils le remarquent, n’osent pas crier. Pourquoi donc ? Simplement parce que la scène est devenue si courante que les gens n’y prêtent plus attention, ou bien parce qu’ils craignent des représailles. Eh oui, les bandits sévissent rarement seuls : parfois leur complice est à quelques mètres, prêt à intervenir si quelqu’un tente d’aider la victime, n’hésitant pas à user de la force pour les faire taire. Des proches de victimes ont déjà perdu la vie dans ce genre de situation, et on entend souvent des gens dire :
« Laisse-les partir, c’est mieux pour toi, car tu ne sais pas ce qui t’attend plus loin. » En effet, on ne le sait jamais.
Le pire, c’est qu’en arrivant au poste de police pour porter plainte, on s’aperçoit que les policiers eux-mêmes ne sont même pas surpris. Ils peuvent même parfois décrire les personnes impliquées en fonction des lieux mentionnés. « Alors, vous avez été victime de racket à Behoririka ? Ou bien
c’était à Isotry que l’agresseur a sévi ? C’est sûrement tel ou tel individu… Ah, encore lui, toujours elle… » Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est souvent ce type de remarque que l’on entend de la part de la police, sans que l’individu en question ne soit arrêté. Et pourtant, avec la disparition d’un sac à main ou d’un téléphone, c’est peut-être tout un pan de la vie de quelqu’un qui s’envole. Sans oublier que certaines personnes perdent aussi leur vie dans ces situations d’insécurité.
Au moment d’écrire cette chronique, on vient d’apprendre le décès d’une mère de famille abattue par deux bandits à moto en plein centre-ville de Toamasina hier soir. Malheureusement, cette victime ne sera pas la dernière tant que la situation persiste, ici ou ailleurs.
Malheureusement, face à cette montée de l’insécurité, un sentiment d’abandon et de résignation semble gagner la population.
Il est pourtant urgent d’agir. Pour chaque acte de violence qui reste impuni, c’est une part de confiance qui s’écroule. Des solutions existent, mais elles demandent une volonté politique et des engagements de la part de tout un chacun.
Rakoto