Deux visions du monde

En cette période d’étiage, la population se divise en deux grands blocs dans la province d’Antananarivo en particulier. Il y a ceux qui attendent impatiemment la venue de la pluie, à l’instar des riziculteurs de la deuxième saison, le « vary vaky ambiaty » et même la Jirama tirée à boulets rouges pour le manque d’eau et les délestages. D’autres, par contre, souhaitent l’arrivée tardive de dame pluie pour diverses raisons, pour ne citer que les briquetiers et les habitants des zones basses qui auront beaucoup à perdre en cas d’inondation.
Les deux raisonnements sont tous compréhensibles, mais diamétralement opposés à première vue. Les uns souhaitent des temps pluvieux pour assouvir leur soif pendant que les autres prient pour une prolongation du temps sec pour ne pas vivre des jours cauchemardesques. En effet, les riziculteurs de la deuxième saison ne peuvent pas procéder au semis tant qu’ils n’ont pas la garantie d’avoir de l’eau jusqu’au repiquage. Cependant, les habitants des zones basses, surtout ceux qui ont des problèmes de santé, craignent déjà la montée des eaux, synonyme de maladies en tous genres.
Ces deux visions peuvent quand mê­me être complémentaires. Ceux qui veulent de l’eau pour le bien de leurs activités, ne souhai­tent pas un excès qui pourrait par la suite nuire à leurs moyens de subsistance. Il en est de même pour les briquetiers qui pourraient ne pas avoir de l’eau pour fabriquer leurs briques et ces populations vulnérables qui ont besoin de l’eau potable au risque de tomber malades. En tout cas, personne ne souhaite une inondation comme ce qui se passe à l’étranger où des centaines de personnes y laissent leur vie, ni une sécheresse prolongée synonyme de crise sociale (insécurité alimentaire, manque d’eau et d’électricité…).
Que ce soit l’un ou l’autre cas de figure, nous sommes tous tenus responsables de nos actes. Le dérèglement climatique est dû aux activités humaines et à l’inertie de ceux qui en ont déjà conscience. Ces mêmes paysans qui souhaitent l’arrivée de la pluie, sont les auteurs des feux de brousse et ces citadins qui crient aux coupures d’eau et d’électricité sont ceux qui utilisent des voitures émetteurs de carbone engendrant la pollution de l’air dans la capitale. Pendant ce temps, il y a ceux qui regardent sans agir en voyant leurs prochains jeter des ordures à travers les fenêtres des voitures de luxe ou de transport en commun…

Rakoto

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