Impacts du réchauffement climatique: des doctorants développent une agriculture intelligente

L’équipe composée de Fahendrena Ny Maheritinah, Tsiza Faratiana Andriamihaja, Haingonirina Ignace Rajaosolomanantena, Mamy Nirina Andrianaivo, Faratiana Jenny Rasoariseheno et Andriantsainarivoharimino Ratsimanindry, a remporté le premier prix lors de l’événement « Les Doctoriales » qui s’est tenu à Toliara en septembre, avec son projet innovant intitulé « Développement d’un système d’agriculture durable hybride face aux réchauffements climatiques ». Une équipe issue de plusieurs écoles doctorales à Madagascar, regroupant des experts aux compétences variées dans les domaines de la chimie, de l’électronique et de l’intelligence artificielle, ainsi que de l’agronomie, de la santé publique, des sciences humaines et sociales et de l’éducation. Interview d’un membre de l’équipe, Haingonirina Ignace Rajaosolomanantena.

– Les Nouvelles : Quels éléments ont guidé votre choix pour ce thème ?

* Haingonirina Ignace Rajaosolomanantena : Ce thème nous a été attribué pour apporter une réponse au problème du réchauffement climatique, qui devient de plus en plus préoccupant, en particulier à Madagascar. Nous avons ensuite choisi la région d’Ambovombe Androy pour mettre en œuvre ce projet, car elle est particulièrement touchée par les défis climatiques et agricoles. Dans le contexte de crise alimentaire et environnementale qui touche cette région, le projet vise à développer une solution
d’agriculture durable spécifiquement adaptée aux
défis posés par le ré­chauf­fement climatique. Le projet s’inscrit dans une approche globale visant à réconcilier les besoins alimentaires urgents avec la nécessité de préserver les ressources naturelles.
– Quels sont les principaux axes de votre projet ?
* Face aux impacts du réchauffement climatique dans la région Androy, nous avons structuré notre projet autour de plusieurs axes clés pour une agriculture durable. Il s’agit de développer un système basé sur l’agriculture de conservation, en intégrant des techniques agricoles adaptées, une gestion efficace des ravageurs, ainsi qu’un accès amélioré aux marchés et la sécurisation de la production. Par ailleurs, nous mettons un accent particulier sur l’agriculture intelligente et hybride face au climat, avec des actions centrées sur la gestion optimisée et durable des ressources en eau.

– Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par agriculture intelligente et hybride dans le contexte de votre projet ?
* La gestion intelligente et durable de l’eau dans la ré­gion d’Ambovombe Androy repose sur une approche hybride qui combine l’exploitation des nappes phréati­ques, la collecte d’eau de pluie et la désalinisation de l’eau de mer. Des capteurs surveillent les ressources, tandis qu’un système intelligent, géré par une intelligence artificielle, ajuste l’approvisionnement en fonction des be­soins et des conditions climatiques. En période de pluie, l’eau est stockée dans des réservoirs, et en période de sécheresse, la désalinisation alimente les cultures grâce à une irrigation goutte à goutte, assurant ainsi une gestion résiliente et efficace des ressources hydriques.

– En quoi votre technique de désalinisation se distingue-t-elle des autres méthodes déjà mises en œuvre ?
* Notre méthode de désalinisation repose sur une technique innovante de filtration par membrane utilisant des extraits de certaines plantes spécifiques de Madagas­car. Nous commençons par préparer ces extraits avant de les intégrer dans un support filtrant, créant ainsi un filtre capable de capturer efficacement les particules fines et les sels présents dans l’eau de mer. En complément, nous appliquons certaines techniques spécifiques pour traiter l’eau de mer avant la filtration, afin d’optimiser le processus et d’obtenir de meil­leurs résultats. Par rapport à des méthodes connues comme la distillation, l’osmose inverse et l’électrodialyse, notre technique est non seulement moins coûteuse, mais également plus avantageuse, offrant un rendement significatif, ce qui la rend particulièrement bénéfique pour les communautés locales. L’eau salée est ensuite filtrée à travers ce tapis, permettant d’obtenir de l’eau douce grâce à la capacité des extraits végétaux à retenir les impuretés.

– Quelles sont vos recommandations pour la mise en œuvre de ce système ?
* Pour la mise en œuvre de ce système, il est essentiel d’établir une collaboration étroite avec les autorités locales et l’Etat afin d’assurer un soutien institutionnel et l’implication des communautés. Parallèlement, il est important de rechercher des bail­leurs de fonds internationaux pour financer le projet, garantissant ainsi les ressources nécessaires à son développement. De plus, une sensibilisation et une formation des populations locales à l’utilisation et à la gestion des nouvelles technologies renforceront l’adhésion et l’efficacité du système. Enfin, une évaluation continue des impacts et des ajustements basés sur les retours d’expérience contribueront à améliorer la durabilité du projet.

Recueillis par Sera R.

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