Mercredi des idées en goguette: L’affaire Balthazar, vu d’ici

La bêtise humaine est sans limite. Qui est Balthazar ? Sur les réseaux, tout le monde connaît ce prénom, devenu célèbre ces derniers temps à la suite d’une affaire, loin d’être reluisante, de “sextape”, comme on dit dans le jargon médiatique.
Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, il s’agit d’une affaire impliquant un haut responsable guinéen du nom de Balthazar, et des femmes parmi lesquelles figurent, entre autres, des épouses de personnalités de la république de cette localité. Et pourtant, à l’origine de ce prénom se trouvait un saint. Celui-ci était l’un des trois rois mages présents à la naissance de Jésus Christ. Venu de Méso­potamie, ce nom signifie « Dieu protège la vie
du roi ». Et pourtant, la personne à l’origine des vidéos qui circulent sur la toile est loin, très loin, de ce genre de person­nage.
En tout cas, sur ces vidéos qui continuent de circuler sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, aussi étonnant que cela puisse paraître, fi­gurent des épouses de personnes haut placées et des proches familles du principal intéressé. Et les internautes, comme toujours dans de pareille circonstance, se délectent de découvrir les errements d’une personnalité censée représenter la haute sphère de l’État. Cette affaire, devenue médiatique et ayant immédiatement dépassé le cadre de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, ré­vèle à quel point la bêtise humaine peut être immense.
En effet, filmer plus d’une centaine d’ébats ne peut plus être considéré comme un accident ; c’est de l’irresponsabilité. Ensuite, il est étonnant que, dans le contexte actuel, beaucoup de gens considèrent leur téléphone uniquement comme un outil de distraction sans être conscients des dangers réels auxquels ils s’exposent en stockant certaines données personnelles. En effet, ces téléphones peuvent être oubliés ou perdus à tout moment. C’est malheureux, mais beaucoup de gens n’ont toujours pas conscience des risques numériques, ni du fait qu’il est possible d’accéder aux données d’autrui par un simple clic.
Eh oui, l’affaire Bal­thazar, au-delà du simple scandale médiatique, interroge profondément la culture de la discrétion et de la responsabilité parmi les élites, encore plus dans un pays en voie de développement, mais également des pratiques de ceux qui sont censés détenir le pouvoir. En exposant ainsi des scènes d’intimité, cette vidéo met en lumière non seulement les comportements ir­responsables de certaines personnalités, mais aussi un phénomène inquiétant : la banalisation de l’utilisation de la technologie sans en maîtriser les risques.
Elle illustre également un paradoxe troublant : bien que l’accès à la technologie se soit démocratisé, il n’a pas permis pour autant une meilleure gestion des responsabilités éthiques et personnelles. Pour Madagascar, un pays où la situation socioéconomique impose des priorités axées sur les be­soins fondamentaux, cette affaire montre que la modernisation ne doit pas se limiter aux infrastructures numériques, mais doit aussi s’étendre à une éducation citoyenne. Car, utiliser les nouvelles technologies est une chose, mais le fait de savoir les maitriser en est une autre.

Rakoto

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