Mobilité verte: les défis du passage à la mobilité électrique

La transition vers la mobilité électrique de masse est un défi de taille pour Madagascar. Encore largement dépendante des énergies fossiles, tant pour son transport que pour sa production énergétique, la Grande île doit surmonter de nombreux obstacles avant d’entamer un virage vers l’électrification.

Lors d’un entretien télévisé récent, le président de la République a souligné que le parc thermique domine la production d’électricité du pays. Cette dépendance énergétique crée un assujettissement financier.
Selon le directeur des études et opérations auprès de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), Radonirina Lucas Rabeari­manga, les produits pétroliers représentent 8% des recettes annuelles de l’Etat et 27% des revenus douaniers.
« Une transition brutale vers le tout électrique entraînerait un manque à gagner conséquent pour les finances publi­ques », a-t-il expliqué lors d’un colloque intitulé « Mo­bilité (thermique, électrique…) : enjeux, défis et perspectives », organisé hier par la Faculté d’Economie, Gestion et Sociologie de l’Université d’Ankatso avec Bleen Média, un média malgache dédié à l’environnement et au développement durable.
Le coût économique et énergétique d’un tel changement est également un frein. La demande énergétique supplémentaire pour recharger une flotte de 10.000 véhicules électriques nécessiterait environ 10 MW, alors que le déficit énergétique en période d’intersaison atteint déjà 40 MW. Cette pression supplémentaire pourrait aggraver les difficultés d’approvisionnement actuelles.

Les mines : un atout

Pourtant, Madagascar dispose d’atouts stratégiques, notamment ses ressources minières. Le graphite, essentiel à la fabrication des batteries, pourrait être un levier économique majeur s’il était transformé localement. Actuellement, une batterie de voiture électrique classique contient près de 90 kilos de ce matériau.
Outre l’exploitation mi­nière, d’autres prérequis sont nécessaires : une législation adaptée, des investissements massifs dans les technologies vertes et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. L’avenir de la mo­bi­lité verte sur l’île repose sur une approche progressive et équilibrée, alliant mo­dernisation économique et préservation des ressources naturelles.

Arh.

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