La campagne de reboisement national va être lancée d’ici peu. Et pour marquer le coup, elle va être inaugurée à Andekaleka. C’est un choix hautement symbolique vu le contexte actuel d’insuffisance d’eau dans le barrage de retenue d’eau devant alimenter la centrale hydroélectrique qui y est installée. Et tout le monde en subit les conséquences suite à la déforestation.
Quand on regarde partout à Madagascar, on comprend bien pourquoi tous les régimes qui se sont succédé ont accordé une très grande importance à la politique de reboisement. Ce n’est pas pour rien que la Grande île est aujourd’hui appelée l’île rouge et non plus l’île verte comme elle le fut auparavant, très très longtemps déjà.
Bien entendu, de nombreuses entités (institutions, entreprises, organisations, associations, écoles, particuliers…) vont répondre favorablement à cet appel au reboisement national qui est lancé par les autorités. Comme d’habitude, on va assister à une sorte d’émulation entre ces entités qui ne vont pas manquer de fortement médiatiser leur action respective.
Mais au final, le résultat sera mitigé, pour ne pas dire catastrophique. En effet, lors de la prochaine campagne de reboisement, on constatera que seules quelques plantes faméliques auront pris racine. Et c’est l’éternel problème avec ces reboisements initiés par des privés. Dans
la majorité des cas, il n’existe pas de suivi et d’entretien pour voir si les jeunes plants qui viennent d’être mis en terre poussent bien.
Bien évidemment, comme dans toute chose, il y a toujours des exceptions. Certaines initiatives prennent leurs actions au sérieux et fournissent tous les efforts nécessaires pour que chaque reboisement qu’elles initient soit un succès. Mais ce sont des cas très rares pour que leurs impacts soient perceptibles au niveau national.
Si au niveau national, toutes les opérations de reboisement initiées par toutes ces entités ont été réalisées convenablement depuis toutes ces décennies, Madagascar, dans son intégralité, aurait déjà été couverte d’arbres. Mais le constat est amer car ce n’est pas le cas. On en est encore bien loin et ce n’est pas demain qu’on y arrivera.
La raison est que dans la majorité des cas, les opérations de reboisement initiées par certaines entités ressemblent plutôt à des pique-niques ou des excursions organisées en famille ou entre collègues. En réalité, ce type de « reboisement » est bien inefficace car le personnel mobilisé malgré lui ne s’y intéresse pas vraiment.
Bien souvent, ces occasions sont surtout mises à profit pour renforcer la cohésion du groupe et le reboisement passe au second plan. On y assiste à toutes sortes de scènes qui n’ont rien à voir avec le reboisement. Et en fin d’après-midi, après avoir bien bu et mangé, tout le monde rentre au bercail avec le sentiment du devoir accompli.
Aimé Andrianina