Lors des Doctoriales du mois de septembre dernier à Toliara, Tsiza Faratiana Andriamihaja, de l’Ecole doctorale Génies des procédés et des systèmes industriels, agricoles et alimentaires (GPSIAA), a remporté le prix du meilleur poster à travers sa recherche sur les « Plantes tinctoriales de Madagascar, une alternative aux colorants de synthèse textiles ». Un projet qui vise à substituer les colorants chimiques, principaux responsables des pollutions, par des teintures naturelles issues de plantes de Madagascar dans le secteur industriel textile. Une solution durable pour préserver l’environnement et valoriser les ressources locales. Interview.
. Les Nouvelles : Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce thème de recherche ?
* Tsiza Faratiana Andriamihaja: Nous avons choisi ce thème parce que l’industrie textile pollue énormément avec des colorants chimiques. Madagascar possède une diversité de plantes qui peuvent être valorisées pour produire des teintes naturelles. Cela permettrait de protéger l’environnement tout en valorisant nos ressources locales.
. Quel est ainsi votre objectif ?
* Mon objectif est de montrer que des solutions écologiques et locales sont possibles. Je tiens à noter que cette recherche s’inscrit dans le projet NMPD (Natural Malagasy Plant Dyes) porté par l’Ecole supérieure des sciences agronomiques (Essa) à travers la mention Industries agricoles et alimentaires ainsi que l’Université ZHAW en Suisse et financé par la SNSF (Swiss National Science Foundation). Cette recherche n’aurait pas été initiée sans une étroite collaboration avec ces entités.
. Et les enjeux majeurs à travers cet objectif ?
* Le projet vise à trouver une alternative plus durable aux colorants chimiques, qui polluent l’eau et présentent des risques pour la santé, avec une teinture naturelle à base de plantes malgaches. Nous voulons aussi rendre
ce procédé applicable à un niveau industriel pour un impact plus large avec un objectif plus durable. Nous souhaitons également conserver la connaissance traditionnelle malgache en teinture naturelle qui disparaît peu à peu.
. En quoi vos recherches apportent-elles une valeur ajoutée par rapport aux études existantes ?
* Cette recherche se concentre sur des plantes tinctoriales de Madagascar qui sont encore très peu étudiées jusqu’ici. Nous avons étudié leurs couleurs et leurs stabilités sur différents tissus, et avons travaillé sur un procédé industriel, ce qui n’est pas encore maîtrisé jusqu’à présent. La connaissance des teintes pouvant être obtenues comme le vert ou le jaune et les propriétés de nos plantes apportent une meilleure compréhension des plantes malgaches et de la teinture naturelle. Ce qui valorise les plantes locales.
. Quelles sont vos stratégies pour appliquer concrètement ce projet à Madagascar ?
* Nous voulons collaborer avec les artisans teinturiers et des industries textiles locales pour introduire les teintures naturelles à une plus grande échelle, étudier la mise en culture des plantes, et travailler avec la communauté locale pour la production de matières premières et l’installation de petites unités de production adaptées. Cela permettra de créer une chaîne de valeur locale bénéfique pour l’environnement, les communautés rurales et l’industrie. En plus, ce projet pourrait générer des opportunités d’emploi pour les communautés locales dans la production de plantes, de tissus et de teinture.
Propos recueillis par Sera R.