Un choix à faire et à assumer

Dans l’objectif d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, au ni­veau de l’agriculture ou plus précisément de la riziculture, on va procéder à l’achat de nouvelles semences améliorées. Les impor­tations massives de riz chaque année sont les témoins de cette insuffisance de la production rizicole.
« Si le rendement moyen actuel est de 2,2 tonnes par hectare et les méthodes tra­ditionnelles et les se­mences habituelles, l’achat de nouvelles semences améliorées en 2025 permettra d’aug­menter le rendement à 8 voire 12 tonnes par hectare ».
C’est ainsi que s’est exprimée la ministre de l’Economie et des finances quand elle a présenté le Projet de Loi de finances 2025 à l’Assemblée nationale. Si l’on tient compte des performances attendues, il ne peut s’agir là que de la culture du riz hybride.
Ainsi donc, l’Etat malgache a décidé de miser sur ce type de riz pour booster la production rizicole. Mais ce choix soulève toute une kyrielle de questions auxquelles il faudra des réponses. Tout d’abord, d’aucuns ignorent qu’il n’est pas facile de faire changer les cultivateurs malgaches de leurs vieilles habitudes.
Cela peut tout aussi bien concerner le choix des semences à utiliser ou encore des techni­ques agricoles à adopter. Il faudra avoir des arguments de poids pour décider les cultiva­teurs à exploiter leurs rizières actuelles avec du riz hybride. Bien que le riz hybride soit introduit dans le pays depuis de nombreuses années, une partie seulement de la surface totale en est cultivée.
La question des se­mences pose également un problème. : Va-t-on en produire sur place ou importer à chaque fois? La réponse est primordiale car il y a un risque de dépendance. Par ailleurs, il est bien connu que les paysans malgaches ont l’habitude de garder une part de la production pour en faire de la semence pour la prochaine pério­de culturale.
Avec le riz hybride, cette pratique est dé­conseillée dans la me­sure où cela entrainera la perte d’une partie des qualités du riz hyb­ride tel que le rendement élevé, la forte ré­sistance aux aléas climatiques… Les cultivateurs malgaches s’y plieront-ils ?
L’un des principaux problèmes de la culture du riz hybride et qui ne peut pas être négligé est l’utilisation massive d’engrais chimiques. Cela entraine une dég­radation accélérée du sol et on n’y pourra plus y faire pousser quoi que ce soit par la suite.
Beaucoup d’autres questions restent en sus­pens et méritent d’être soulevées. Entre autres, on peut se demander si la consommation du riz hybride répondra au goût des Malgaches tellement ils sont habitués au vary gasy, au makalioka… Quoi qu’il en soit, on attendra pour voir les résultats. C’est un choix à faire et à assumer.

Aimé Andrianina

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