Lors de la 10e édition des Doctoriales à Toliara en septembre dernier, le doctorant à l’Ecole doctorale GRND Ankatso, Mamy Nirina Andrianaivo, a présenté sa recherche sur l’optimisation de la gestion des produits de rente à Madagascar grâce à la « Blockchain ». Une solution innovante, reconnue et soutenue par le Pnud qui vise à renforcer la transparence, la traçabilité et l’efficacité des filières stratégiques. Apportant ainsi des réponses adaptées aux défis économiques, sociaux et environnementaux du pays. Interview.
* Les Nouvelles : Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce thème de recherche ?
– Mamy Nirina Andrianaivo : Malgré ses ressources naturelles abondantes et sa renommée mondiale, notamment pour la vanille (80% de la production mondiale) et des produits comme le tsiperifery, Madagascar reste marqué par la pauvreté des producteurs. La filière des produits de rente souffre d’un manque de transparence, de traçabilité et d’équité, entravant sa durabilité économique, sociale et environnementale. Une gestion modernisée et décentralisée via un guichet unique numérique pourrait structurer cette filière, améliorer les conditions des producteurs et favoriser un commerce équitable.
* Quel est ainsi votre objectif ?
– L’objectif est de créer une plateforme numérique utilisant la « Blockchain » pour garantir la transparence et la traçabilité sur toute la chaîne de valeur des produits de rente. Le projet se décline en deux étapes : l’élaboration initiale d’un guichet unique sous forme de procédures papier, suivie de leur numérisation, ce qui va permettre une gestion décentralisée et transparente.
* Les enjeux majeurs à travers cet objectif ?
– Les défis principaux incluent le faible niveau d’instruction des producteurs, nécessitant un encadrement technique et commercial accru, et l’incohérence des textes réglementaires sur l’exportation. La plateforme doit également répondre aux attentes en matière de gestion équitable et accessible.
* En quoi vos recherches apportent-elles une valeur ajoutée ?
– En intégrant la Blockchain, l’innovation rime avec la traçabilité, la certification et la transparence, tout en luttant contre la corruption. Elle répond aussi au problème foncier: plus de 90% des terres exploitées ne sont ni titrées ni bornées, ce qui fragilise les communautés rurales. En sécurisant les chaînes d’approvisionnement, la Blockchain ouvre également l’accès à de nouveaux marchés, réduit les intermédiaires et améliore la négociation basée sur la qualité et la traçabilité des produits. Enfin, elle contribue à une gestion durable des ressources naturelles et augmente les recettes fiscales de l’Etat.
* Quelle est donc votre stratégie pour appliquer concrètement ce projet à Madagascar ?
– La stratégie repose sur trois axes principaux : harmoniser les textes réglementaires sur l’exportation, impliquer directement les acteurs clés, dont les producteurs et l’Etat, et renforcer l’encadrement en production et commercialisation. Cela permettra une mise en œuvre inclusive et durable du projet, répondant aux besoins spécifiques des acteurs.
Propos recueillis par Sera R.