La Cour des comptes a présenté, hier dans les locaux de la Cour suprême à Anosy, son rapport public 2023-2024, dans lequel elle décortique la gestion de la Jirama, notamment la majorité des décisions qui impactent négativement sur les résultats. A titre d’exemples, elle mentionne le vol de carburant à l’origine d’une perte financière s’élevant à 734 millions ariary, ou encore une mauvaise gestion des stocks à hauteur de 22,9 millions de litres perdus en un an.
Loin d’être tendre envers la Jirama dans son rapport, la Cour des comptes expose toutes les mauvaises pratiques dans la méthode de gestion de la société d’Etat. Ironie du sort, la Cour suprême où s’est tenue la présentation du rapport, a subi trois coupures de courant en l’espace de 2 heures. Mais délestage ou non, cela n’a pas empêché de savoir que seulement 40% des recommandations de 2017 ont été suivies par la Jirama, notamment en matière de communication, sensibilisation, si 60% n’ont pas été ou presque pas considérées, bien que celles-ci concernent le fond du problème à savoir, la gestion financière, le statut de la Jirama ou encore le contrôle de la société.
Non fiabilité
Entre autres, la Cour des comptes explique le mauvais choix de mode de production de la Jirama, notamment la production thermique qui engendre de nombreuses dépenses. Sur ce, le rapport précise d’abord que le système d’approvisionnement en carburant n’est pas fiable. Cela, en raison de plusieurs incidents favorisant les écarts entre l’achat et la livraison, l’achat des pièces ou encore les contrats de locations des groupes. En effet, la quantité achetée est plus élevée que la quantité livrée. Entre 2021 et 2023, un écart de 124.726 litres de Fuel Oil et 47.935 litres de Gas Oil a été constaté, soit une perte financière de 734 millions ariary pour la Jirama. Des écarts favorisés par le retard des livraisons.
L’écart se situe également au niveau des producteurs de carburants, sans compter le non équilibre dans les contrats entre la Jirama et les producteurs. La Cour des comptes explique qu’il y a des «écarts entre l’enregistrement des stocks des producteurs privés et ceux de la Jirama». A titre d’exemple, les entrées de fioul enregistrées par un producteur à Ambohimanambola présentent un écart de 19.800.000 litres de plus que ceux enregistrés par la Jirama. «Cette situation fait en sorte que l’information sur les stocks de carburant n’est pas fiable et il en résulte un risque de perte financière pour la Jirama», a déploré la Cour. «Au lieu d’utiliser ses fonds à entretenir ses machines afin de pouvoir assurer sa production d’énergie, la Jirama les utilise pour payer ses dettes dues à son choix de mode de production», a-t-elle regretté.
Recommandations
Cette défaillance au sein de la Jirama ne lui permet donc pas de se relever de ses difficultés. Plusieurs recommandations ont alors été apportées par la Cour des comptes pour y remédier. Entre autres, la Cour préconise la révision des contrats avec les producteurs privés ne permettant plus à la Jirama d’être lésée, la promotion des énergies renouvelables, la mise en œuvre des projets déjà en cours dont Sahofika et Volobe, ou encore la construction des réservoirs d’eau et barrages. Et non des moindres, la Cour des comptes recommande à la Jirama, le renforcement du suivi de l’approvisionnement des carburants et des stocks, ainsi que leur consommation, et aussi d’établir un planning de production pour chaque centrale.
T.N