Dans le dessein de rendre le commerce plus durable, Madagascar prépare une troisième version de la Contribution Déterminées au Niveau national ou CDN comme un des moyens pour réduire les effets du changement climatique.
Cet aspect durabilité a été évoqué lors d’un atelier de deux jours dans le cadre du Projet pour l’inclusion d’initiatives vertes dans les stratégies nationales ZLECAF.
La conclusion de cet atelier se porte sur la formulation d’un plan d’action pour mettre les questions de durabilité et de changement climatique au cœur de la mise en œuvre de l’accord de la Zlecaf
“Nous avons collaboré avec les autorités nationales pour organiser une consultation de l’ensemble des parties prenantes que ce soit des entreprises, des chercheurs et les ministères, pour formuler des priorités stratégiques et puis des actions pour promouvoir la durabilité et le commerce intra africains au niveau de la chaine de valeur huile essentielle (…) A terme, grâce à la définition, l’adoption, et la mise en œuvre d’une vision commune, de faire en sorte que l’ensemble de la chaine de valeur puissent atteindre le niveau désiré” explique Malick Kane du CNUCED, et coordonnateur du projet inclusion des initiatives vertes dans la stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAF (Zone de libre-échange Continentale Africaine).
Pour justifier le choix de l’huile essentielle, Malick Kane évoque le caractère “charnière” de la filière. D’après ses dires, “Madagascar dispose des acteurs et des entreprises très performants mais peut-être que d’autres ont besoin de plus d’appuis”.
“Il s’agit d’une filière d’exportation très importante, et au centre de multiple enjeux. L’huile essentielle est un produit transformé et à forte valeur ajouté. Madagascar se démarque grâce à des espèces endémiques que personne d’autre ne peut produire. De plus, c’est une filière qui a un lien avec d’autres secteurs comme l’agroalimentaire, le tourisme, la pharmaceutique ou encore la cosmétique (…) En tout cas, il y a une dimension à la fois agricole et forestier. C’est un produit à la fois stratégique du point de vue du climat, du commerce et d’un point de vue économique” rappelle Malick Kane “Si tout est maitrisée, et les pratiques de durabilité sont intégrées de manière optimale, la filière peut contribuer réellement à la préservation des écosystèmes et l’adaptation des changements climatiques. Au contraire, si la durabilité n’est pas intégré la filière peut-être au cœur des dégâts environnementaux. C’est le cas des bois de chauffe notamment” détaille ce responsable.
Lors de ses deux jours de discussions, les participants se sont attardés sur les questions liées à la production durable, renforcement de capacité et tout ce qui touche à l’organisation de la chaine de valeur. En parlant des échanges intra africains, les barrières non tarifaires ont été évoqué comme étant une des principales difficultés. “Les barrières non tarifaires handicapent tous les exportateurs, les consommateurs et même tous les pays africains (… Le fait que le commerce est maritime peut atténuer l’impact des barrières tarifaires pour Madagascar. Ceux qui sont frappé le plus durement par les barrières tarifaires sont ceux qui font des commerces par voie terrestre” ajoute Malick Kane.
30 variétés d’huile essentielle
Madagascar dispose plus de 30 types différents d’huiles essentielles de haute qualité, toutes convoitées par des marques internationales prestigieuses mais en détient d’une infime part du marché mondial.
Le rapport, “Production et exportation d’huiles essentielles de Madagascar, réglementation exigence réglementaires et recommandations”, publié par la Banque mondiale en Mai 2024, indique que Madagascar reste peu présent sur le marché mondial. En 2022, le pays a exporté 1,3% d’huiles essentielles, en termes de volume d’exportation. Ce qui est pourtant une amélioration par rapport aux années précédentes, 0,4% en 2012 et 0,8% en 2014. Depuis 2018, le volume d’exportation d’huile essentielle tourne autour de 1,2 à 1,3%. Le même rapport a mis en exergue le régime réglementaire complexe et restrictif, entravant la production et l’exportation des huiles essentielles à Madagascar, tout en proposant un éventail d’initiatives, pour améliorer l’efficacité des échanges commerciaux dans ce secteur.
Néanmoins, pour qu’une transformation significative se réalise, le soutien actif et continu des parties prenantes, tant du secteur privé que du public est crucial.
Tiana Ramanoelina