Rien n’est gagné d’avance

La création d’une Banque Nationale de Madagascar serait en gestation. C’est la dernière grande nouvelle que l’on apprend au ni­veau du monde fi­nancier. Cette nouvelle banque qui sera mise en place à l’initiative de la Caisse d’épargne de Madagascar (Cem) rep­résentera en quelque sorte une fierté nationale.
Effectivement, l’exis­tence d’une banque na­tionale, donc avec des capitaux entièrement nationaux sera une ex­pression, parmi tant d’autres, de la souveraineté financière du pays. Et bien évidemment, les petites et moyennes entreprises accueilleront cette nouvelle banque avec beaucoup d’espoir.
La raison est que l’accès au financement bancaire reste toujours difficile, restreignant ain­si les marges de manœuvre des petites entreprises et des particuliers pour développer leurs affaires. Cette difficulté d’accès au crédit bancaire peut s’expliquer pour différentes raisons.
Entre autres, on peut citer l’insuffisance, voire l’absence de garanties, la non formalisation de l’ex­ploitation… Pour le moment, les institutions de microfinance (IMF) constituent l’une des ra­res possibilités de bénéficier d’un crédit. Mais le recours aux IMF peut coûter très cher.
Tout dernièrement, le gouverneur de la Banque Centrale de Madagascar (BCM) a révélé que le taux appliqué par certaines IMF peut atteindre le 1% par jour, soit 365% l’an. Avec de telles con­ditions, les entreprises qui y recourent ne pourront jamais s’en sortir.
L’existence d’une vraie banque nationale devrait permettre de faciliter l’accès aux crédits bancaires et préalablement, la formalisation des en­treprises. Par le passé, il y avait de telles banques dans le pays et qui de plus, étaient plus ou moins spécialisées dans un secteur d’activité.
Si la BNI était censée financer les industries, la BFV, quant à elle, oeuvrait surtout dans le commerce. Enfin, la BTM se spécialisait dans l’agriculture. Ainsi, chaque banque avait son domaine de prédilection. C’était du moins en théorie, parce qu’en fait, chacune agissait en tant que ban­que généraliste.
Malheureusement, d’aucuns ignorent comment ces banques ont terminé. Toutes ont été finalement privatisées. Ces banques se distinguaient particulièrement par leur déséquilibre financier. Le problème majeur de ce déséquilibre trouvait sa source dans les innombrables « interventions ».
En effet, on peut dire que les accords d’octroi de crédits ne répondaient pas à des critères purement financières propres aux banques. Bien souvent, les crédits bancaires étaient accordés sur la base des affinités politiques, du népotisme, de la complaisance, du favoritisme…
Toute autorité dotée d’un pouvoir cherchait à obtenir ou faire obtenir un crédit bancaire. Et bien évidemment, ces crédits n’étaient pas toujours remboursés. Et si l’on recommence à intervenir de la sorte, il va sans dire que cette nouvelle banque ne fera pas long feu. Autrement dit, rien n’est gagné d’avance.

Aimé Andrianina

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