Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du développement du tourisme à Madagascar. Parmi les chiffres avancés par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, la Grande île a accueilli 308.275 visiteurs internationaux dont 54.138 croisiéristes au titre de l’année 2024.
Ce chiffre est en hausse comparé à celui de l’année précédente. Serait-ce le signe d’un intérêt retrouvé des touristes pour Madagascar ? Cela pourrait bien être le cas. Mais toujours est-il qu’on n’a pas encore atteint la performance de 2019, c’est-à-dire, les résultats pré-Covid.
Quoi qu’il en soit, les responsables du tourisme malgache sont satisfaits des résultats obtenus. D’autant plus que c’est un secteur d’activité très dynamique avec plus de 2,5 milliards ariary d’investissements touristiques (pour 587 autorisations d’ouverture d’établissements dédiés aux activités touristiques) qui ont permis de créer 2.778 emplois directs en 2024.
Seulement, le tourisme à Madagascar est handicapé par de nombreux facteurs pour pouvoir recevoir le million de touristes à l’horizon 2028 comme espéré. Pour y parvenir, il y a de nombreux points à améliorer. Encore faut-il remarquer que cela ne concerne pas uniquement le ministère du Tourisme. La contribution de nombreux autres ministères est sollicitée.
Tout d’abord, il faudra augmenter la capacité d’accueil avec notamment la construction d’hôtels de haut standing. Si aujourd’hui, 1 million de touristes se décidaient à venir à Madagascar, on ne serait pas capable de les accueillir même en comptabilisant les établissements hôteliers de moyenne gamme.
Mais de toutes les façons, tout cela serait inutile sans le renforcement du transport aérien au niveau du réseau national car les visiteurs internationaux ne pourront pas y accéder par voie terrestre. Dans son état actuel, les routes menant vers les zones touristiques sont en très mauvais état.
Dans ces conditions, il faudra procéder à la réhabilitation des routes nationales. L’une des priorités auxquelles il faut faire face est le renforcement de la sécurité dans les zones touristiques ainsi que sur les routes qui y mènent afin d’éviter que les touristes se fassent dépouiller en route. Rien n’est plus néfaste au tourisme qu’une mésaventure de ce type.
Le tourisme est également l’un des secteurs d’activité les plus sensibles à l’environnement social. Le climat social qui prédomine détermine sensiblement l’arrivée des touristes. Ce secteur d’activité a surtout besoin de stabilité, de sérénité… De ce point de vue, c’est un colosse aux pieds d’argile.
Le moindre trouble social, les interventions musclées des forces de l’ordre contre les manifestants… qui sont ensuite véhiculés par les médias internationaux provoquent ipso facto les annulations en chaîne des réservations. Seulement, l’économie (donc le tourisme) et la politique n’ont jamais fait bon ménage.
Aimé Andrianina