Le pays de tous les trafics.

Ces derniers mois, pas une semaine ne passe sans qu’on n’entende parler de la dé­couverte de trafics de tous genres. Si auparavant, les trafics de bois de rose et autres bois précieux faisaient la « une » de l’actualité, aujourd’hui, beaucoup d’autres produits font l’objet de ces activités illégales.
Bien sûr, si l’exploitation illégale de produits de la forêt se poursuit encore – tout récemment, on a dé­couvert le transport de toute une cargaison de bois de palissandre sans que les transporteurs puissent présenter la moindre autorisation -, celle de bois précieux a connu une certaine accalmie relative.
Qu’on le veuille ou non, ce sont les trafics portant sur les espèces rares d’origine animale qui occupent le devant de la scène actuellement. Cela concerne princi­palement les tortues et les chimpanzés. Trois asiatiques viennent d’ailleurs de se faire épingler à Ivato avec
105 tortues.
Toujours est-il que les trafics portent également sur d’autres produits tels que les produits halieutiques (concom­bres de mer…), les drogues (chanvre, héroïne…). On ne saurait oublier les trafics de personnes à destination de certains pays arabes.
Bien évidemment, les trafics portant sur l’or se poursuivent. Il en est de même en ce qui concerne les ossements humains sans que l’on sache véritablement à quoi ils vont servir ou bien s’il existe réellement des commanditaires. Jusqu’à présent, ce type de trafic reste dans le domaine du mystère.
Les trafiquants sont de diverses nationalités (africaines, asiatiques…). Quoi qu’il en soit, ces trafics ne seraient pas possibles sans la complicité de quelques autochtones, qu’il s’agisse de simples particuliers ou d’agents de l’administration.
Il faut bien que quelqu’un sur place aide ces trafiquants pour réunir ces centaines d’animaux qui vont faire l’objet d’une expédition clandestine. Mais il arrive que la communauté d’où ces animaux faisant l’objet de trafic viennent se taise quand un gros bonnet est impliqué.
On se demande bien pourquoi tous ces étrangers accourent tous à Madagascar pour perpétrer ces trafics ? Les sanctions appliquées aux trafiquants ne sont-elles pas suffisamment dissuasives ? Ou bien, ce sont les contrôles au niveau des frontières qui laissent à désirer ?
Certes, quelques trafiquants se font attraper, mais on peut bien croire que ce n’est que la partie visible de l’iceberg. On peut bien penser que la grande partie des trafics passent à travers les mailles des services douaniers. Et bien souvent, ce n’est qu’à l’extérieur du pays qu’on apprend l’existence de ces trafics.
Si tous ces trafics se poursuivent, le pays sera démuni de ses espèces rares. D’ailleurs, certaines espèces sont déjà en voie de disparition. Mais le comble serait que, au niveau international, on ne va pas manquer d’étiqueter Madagascar com­me étant le pays de tous les trafics.

Aimé Andrianina

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