Mamololona Ramarokoto: “L’augmentation de la production comme pilier de la croissance”

Le secrétaire général du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM) résume les perspectives économiques de 2025 et ne manque pas de dresser un bilan de l’an passé. Eclairage.

Quelles sont les prévisions pour la croissance économique de Madagascar en 2025, et quels secteurs prioritaires sont identifiés pour la soutenir ?

L’économie malgache devrait connaître une croissance soutenue entre 2025 et 2028, avec une accélération progressive du taux de croissance du PIB, passant de 4.4% en 2024 à +5,0% en 2025, et une projection de 5.6 en 2028. Cette trajectoire ascendante suggère une amélioration continue de l’environnement économique et une augmentation de la productivité dans divers secteurs.

Au niveau du secteur primaire, dans la branche “agriculture”, il y a une estimation de croissance +9,5% en 2025, mais en constatant le problème de changement climatique actuel, cela deviendra une interrogation pour ce secteur agricole, Le secteur secondaire devrait ainsi afficher une croissance de 3,4% en 2025. Le secteur tertiaire sera un facteur qui pourront soutenir la croissance, dont on attendra de +5,4% dont soulignés par les activités touristiques ainsi que les télécommunications.

Quelles réformes économiques ou politiques publiques sont prévues pour 2025 afin de stabiliser l’économie, réduire le chômage et améliorer les conditions de vie ?

On réitère l’augmentation de la production comme pilier de la croissance. L’objectif sera de soutenir cette croissance par l’agriculture, et augmentation de la production rizicole. L’économie malgache nécessite des investissements dans le capital physique, les machines et les avancées technologiques pour pousser la croissance. Malgré le potentiel prometteur, Madagascar est rapprochée à une réalité alambiquée. La faible production entrave la dynamique économique du pays et interrompt une trajectoire de croissance durable. En outre, il y a aussi des chocs externes, tels que les guerres à l’extérieur, qui influent sur notre économie extravertie.

Parallèlement, la poursuite d’une politique monétaire restrictive devrait permettre de réduire l’inflation à 8,1% en 2024 et à 7,5% en 2025. Enfin, pour pouvoir accroître la production (agricole, industrielle, tertiaire), il faut impérativement miser sur la résolution du problème énergétique.

Quels ont été les principaux secteurs contributeurs à la croissance économique de Madagascar en 2024, et quelles ont été les faiblesses structurelles rencontrées ?

Le taux de croissance économique de Madagascar pour l’année 2024 a été réévalué à +4,4%, légèrement en baisse par rapport à la prévision de +4,5% décrite dans la Loi de finances rectificative (LFR 2024). Une telle performance est principalement soutenue par la branche agriculture (+6,0%), le textile (+31,6%), le tourisme (+14,7%) et les poste et télécommunications (+13,4%).

Concernant les faiblesses, la défaillance énergétique demeure un problème majeur chronique touchant tous les secteurs, notamment le secteur industriel et le secteur tertiaire. Malgré cette défaillance, cette croissance n’a que légèrement diminué grâce aux infrastructures telle que des routes et d’autres qui pourront améliorer toutes les chaînes de valeurs y afférents.

Hormis les problèmes énergétiques, l’accès au capital constitue une difficulté structurelle avec un taux d’intérêt créditeur moyen pondéré de 15,65%.

Comment l’inflation a-t-elle évolué en 2024, et quelles mesures ont été prises pour en atténuer les impacts sur le pouvoir d’achat des ménages ?

Selon un rapport de la Banque mondiale, le taux d’inflation à Madagascar en juillet 2024 est à 7,6%. En réponse aux pressions inflationnistes persistantes, la Banque centrale adopte une politique monétaire restrictive, en rehaussant le taux d’intérêt directeur.

Par ailleurs, l’Etat s’efforce de soutenir la couche de population vulnérable à travers les aides sociales en produits de premières nécessités et de transferts monétaires.

Comment le taux de change de l’ariary a-t-il évolué en 2024 ?

La dépréciation de la monnaie domestique s’amplifie en 2024, bien que cette hausse ne semble pas atteindre son pic. D’abord, le contexte international se caractérise par une accentuation des tensions géopolitiques, susceptibles d’affecter les échanges commerciaux et les investissements, tout en étant marqué par une correction à la baisse du cours du nickel qui caractérise une exacerbation sur les impacts en termes de l’échange des pays exportateurs. Tout en sachant que l’exportation de nickel et le cobalt ont un impact crucial sur le taux de change à Madagascar.

De plus, l’année 2024 est marquée par une ouverture commerciale accrue avec les pays étrangers, ce qui entraîne une augmentation des importations dans le pays.

Dans le court terme, les cours de l’ariary par rapport au dollar et à l’euro connaissent généralement des fluctuations saisonnières, qui se caractérisent par des appréciations en mois d’août, septembre, et décembre dues à l’arrivée des non-résidents et à l’exportation des produits de rente (vanille, café vert, litchis…). Les autres mois sont marqués par des dépréciations de l’ariary dues à la dépendance à l’importation.

Recueillis par Tiana Ramanoelina

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