Rétrospective: 2024 a été une année tournante pour la culture malgache

Des prix internationaux, l’arrivée des icônes internationales au pays… Le monde culturel malgache, en quête de nouveaux horizons, a eu le vent en poupe en 2024.

Cinéma
Le 7e art malgache commence à s’imposer à l’international. Les deux longs métrages malgaches, «Sitabaomba, chez les zébus francophones», un documentaire de Lova Nantenaina et «Disco Africa», une fiction de Luck Raza­najaona, ont cartonné dans divers festivals internationaux.
Au mois de novembre 2024, «Sitabaomba» a reçu le prix Vladislav Mikoshi Vic­tory Award au festival «Won together» en Russie. Il a été aussi sélectionné dans plusieurs autres festivals, durant l’année.
Quant à «Disco Africa», il a obtenu une mention honorable lors de la 74e édition du festival international du film de Berlin et a remporté le prix du jury à la 21e édition d’Afrika film festival Köln, le prix du meilleur long métrage africain lors du Mashariki african film festival, le Grand Prix Kilimandjaro au festival Africlap de Toulouse…
Et pour la première fois, un film malgache a raflé le prix du Meilleur acteur et Meilleur réalisation, à l’occasion du festival international Maghrébin du film Oujda.

Slam-poésie
Depuis une décennie, les jeunes malgaches s’intéressent à l’art oratoire, plus précisément le slam-poésie. Si auparavant, les slameurs locaux proposaient des textes en malgaches et en français, mais depuis l’année dernière, ils osent se lancer dans des performances en anglais. L’idée est de solliciter les artistes à écrire en langue de Shakespeare pour pouvoir agrandir davantage le public. Dans ce sens, une scène anglophone les accueillera prochainement, selon l’association Madagaslam.
Mais l’année 2024 a été surtout marquée par la venue en personne, de l’américain Marc Kelly Smith, le fondateur du slam poésie qui était épaté par le talent des jeunes malgaches, lors de la dernière édition du Slam National. Notons que le jeune Orad a remporté le championnat national cette année, et représentera notre pays, au mois de mai à la Coupe du monde de Slam en France.

Jeu vidéo
Pour les fans de jeu vidéo, l’événement phare de l’année a été la visite de Katsuhiro Harada, le créateur du jeu de combat Tekken et de Kohei Ikeda, le directeur du Tekken 8, au mois de novembre. Ils ont rencontré les gamers malgaches qui ont brillé lors des tournois internationaux. Kimi qui a été sacrée championne d’Afrique sur Tekken 8 au tournoi Africa Queens Challenge. Et le champion de Mada, Yondaime a représenté notre pays lors du Tekken world tour au mois de décembre.
Toujours dans le domaine du jeu de combat, une ligue de PUBG baptisée PMGL a vu le jour depuis le mois de novembre. Son objectif est de structurer le secteur et surtout de professionnaliser les tournois pour que des joueurs malgaches puissent représenter notre pays, durant la saison 2024-2025, au championnat d’Afrique et peut-être au championnat du monde.

Théâtre
Si durant des années, le théâtre malgache est un art difficile à exporter, le slameur, écrivain et metteur en scène Gad Bensalem, vient de prouver le contraire en remportant le Prix RFI Théâtre au mois de septembre, grâce à sa pièce intitulée «L’enfant». 13 finalistes issus de différents pays étaient en lice.
Selon ses explications, les pays africains comme le Congo ou encore le Bénin excellent dans le domaine du théâtre, mais Gad Bensalem a su tirer son épingle du jeu avec son histoire presque personnelle qui parle de la valeur du «lamba» ou tissus dans la société malgache. Cette année, l’artiste projette de la mettre en scène en collaborant avec plusieurs compagnies, dont la compagnie Miangaly.

Peinture
Au mois de mai 2024, la bonne nouvelle est tombée. Cinq tableaux du peintre malgache Tara Shakti, sont sélectionnés par le curateur Samuel Peralta dans le projet Lunar Codex qui consiste à envoyer des œuvres d’art sur la lune afin de laisser des traces de l’humanité ailleurs que sur notre planète.
30.000 artistes dans le monde ont postulé et Tara Shakti faisait partie des sélectionnés. Elle est donc la première et unique peintre malgache à avoir ce privilège, permettant ainsi de classer Madagascar au 234e pays participant à ce programme.
Par ailleurs, le curateur n’a pas choisi n’importe quelles œuvres, celles ayant un lien avec notre culture malgache. Le tableau «La Reine» qui représente la royauté malgache, «Astrochelys Radiata», un nom scientifique de la tortue étoilée de Madagascar, «Archive III» qui dévoile la femme sous sa tenue traditionnelle, «The keepers of the lost wisdon» et un «Auto-portrait» de Tara Shakti. Au mois de novembre, ces œuvres entameront le grand voyage vers la lune, à bord d’une capsule baptisée Polaris du Lunar Codex.

Art culinaire
De plus en plus de malgaches participent aux diverses émissions de téléréalités en France comme la Star Academy ou encore The Voice. Et dernièrement, deux malgaches ont fait parler d’eux, dans un concours culinaire «Meilleur Pâtissier».
Parmi les 4.000 candidats en lice, deux malgaches ont été sélectionnés. Il s’agit de Laurène et de Tsiory. Ce dernier après un parcours remarquable, a obtenu la deuxième place. Dans la foulée, Madagascar est de nouveau sélectionné à la coupe du monde des traiteurs ou International catering cup (ICC). La Grande île sera représentée par trois chefs exceptionnels, à savoir cheffe Fenosoa Rahajamalala, cheffe Bodo Rakotovao et chef Lalaina Ravelomanana, et le juré Rocco Andriamiarisata. La Grande finale aura lieu ce 23 janvier au salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de
l’alimentation ou Sirha en France.

Rock
Pour la première fois dans le monde du rock gasy, un groupe malgache, à l’image de Loharano, a participé au grand festival, Hellfest qui réunit chaque année, des icônes et grands groupes de rock internationaux et de renoms. La 17 e édition a vu la participation de 178 groupes, dont Metallica, Simple Plan, Megadeth, Foo Fighters, Machine Head… Et Loharano a eu l’honneur de monter sur scène à cette occasion. Pour la première fois, les habitués de Hellfest ont pu entendre le rock malgache. Notons que Loharano fusionne le rock avec des sonorités traditionnelles malgaches comme le tsapiky, le beko ou encore le vakodrazana.

Danse
Sur la piste de danse, Madagascar s’est également singularisé. Le danseur Fabyo Kydo a remporté le champion de Wake up session 2024 au mois d’août 2024. Cette compétition a réuni des meilleurs danseurs issus de neuf pays différents dans la région de l’océan Indien (La Réunion, Mayotte, Seychelles, Como­res, Afrique du sud, Djibouti, Rodrigues, Maurice et Ma­dagascar). Fabyo Kydo a remporté la palme dans la catégorie hip-hop et deux autres danseurs malgaches, Petit Coca et Loup-Kass ont été respectivement sacrés vice-champions dans les catégories afrostyle et breakdance.

Holy Danielle

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