Samifin: 1.500 milliards d’ariary de transactions suspectes en 2024

Le Service des renseignements financiers (Samifin) a annoncé avoir détecté près de 1.500 milliards d’ariary de transactions suspectes en 2024, après avoir mené des investigations sur les 206 faits suspects qui révèlent l’ampleur du phénomène. Et les efforts ont payé.

En présence du président du Sénat, le Gal Richard Ravalomanana et les membres du Système anti-corruption (Sac), hier à Iavoloha, le DG du Samifin, Mamitiana Rajaonarison, a présenté le rapport d’activité 2024 de son institution qui a affiché un bilan positif. 206 dossiers de déclarations d’opérations suspectes, ont nécessité des investigations approfondies. 96 rapports ont été établis dont 22 envoyés auprès du Pôle anti-corruption (Pac) et 74 auprès des administrations spécialisées.
Le Samifin a alors conclu que le montant des transactions suspectes s’élève à 1.500 milliards d’ariary en 2024. «Il s’agit en majorité d’impôts non payés sur les importations», a expliqué le DG.
D’autres sources de fi­nancement illicite sont également constatées, notamment celles qui ne font pas l’objet d’une domiciliation bancaire, ou encore relèvent de fraudes fiscales, douanières et des infractions de chan­ges. A ce sujet, le Samifin a estimé que 3.000 milliards d’ariary auraient pu être détectés, mais l’instabilité du réseau électrique a limité leurs actions.

Répression

Au vu des statistiques, le pays reste un pays à haut risque en matière de blanchiment d’argent. Mais « pour nous, cela signifie que les opérations de détection sont efficaces. Cela va dissuader les fraudeurs à l’avenir», a rassuré le DG du Samifin. Et «on peut dire que la répression est en marche», a-t-il poursuivi. L’année dernière, le Pac a statué sur 26 peines privatives de liberté, d’une durée minimum de 24 mois.
Selon toujours le rapport du Samifin, le Pac a également prononcé des amendes de 116 milliards d’ariary contre 3 milliards pour le Samifin sur des dossiers liés au blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. «Si nous arrivons à recouvrer ce montant, cela aidera le Gouvernement à financer les politiques de développement», a soutenu Mamitiana Rajaonarison.

Stratégies et recommandations

Afin d’optimiser la lutte, le Samifin a ainsi pris en compte les recommandations du Gafi exigeant entre autres la centralisation des statistiques, au sein de l’organe de lutte contre les blanchiments de capitaux et fi­nancement du terrorisme.
«Nous ne disposons pas encore de ces statistiques, raison pour laquelle nous avons mis en place 6 Task force », a fait savoir le DG du Samifin. Ces Task force ont chacun leur attribution : « Stratégie et coordination», «Supervi­sion», «Transpa­rence des bé­néficiai­res», «Dé­tection et répression», «Lutte contre le financement des armes de destructions massives» et enfin les «statistiques».
Ainsi, sur les 40 recommandations du Gafi depuis l’année dernière, 28 ont déjà été validées en termes de conformité si 13 seulement ont été conformes auparavant. «Nous aurions pu atteindre les 36/40 en 2024 mais nous avons encore dû élaborer quel­ques textes», a-t-il déclaré.
Pour l’heure, il est encore difficile pour le Samifin de déterminer les sources exactes de blanchiment de capitaux bien que quelques pistes ne sont pas à écarter. Parmi celles-ci, les concessionnaires automobiles, les agences immobilières ou encore les négociateurs de pierres et métaux précieux.

T.N

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