Un goût amer

Depuis plusieurs années, la production sucrière du pays est insuffisante pour couvrir la demande nationale. Bien que la production nationale an­nuelle ne soit pas négligeable car elle est estimée à 90.000 tonnes, les besoins du pays évalués à 220.000 tonnes par an sont trop im­portants.
Forcément, le pays est obligé d’importer massivement du sucre pour combler ce gap. Cela présente plusieurs inconvénients. D’une part, cela contribue au renforcement du dé­ficit de la balance
commerciale et d’autre part, cette situation a pour conséquence une importante sortie de devises.
Pourtant, c’est une situation qui pourrait être évitée dans la me­sure où la canne à sucre pousse n’importe où dans le pays. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on trouve de l’alcool de fabrication locale à partir de la canne à sucre dans n’importe quel village de Mada­gas­car.
Dans le temps, Mada­gascar figurait parmi
les plus grands exportateurs de sucre en Afri­que. Et on parvenait à atteindre le quota d’exportation de sucre à destination de l’Europe. Au­jourd’hui, on peut se demander si c’est toujours le cas.
Le problème est que de nombreuses usines de fabrication de sucre ne sont pas fonctionnelles pour différentes raisons. Entre autres, on peut avancer l’état de vieillesse avancé de certains matériels de production résultant de l’absence d’une véritable politique de renouvellement de ces matériels.
C’est un produit de premières nécessités qui est très apprécié et fortement demandé par les Malgaches. Mais le prix du sucre ne cesse de grimper sur le marché local au grand désarroi des consommateurs. Cha­que commerçant fixe le prix qu’il veut.
Heureusement encore que dans les épiceries de quartier ou n’importe où dans les villages du pays, on vend encore le sucre en quart de kilo. Ce qui permet encore à la population de satisfaire son besoin quotidien en sucre. Son pouvoir d’achat limité l’empêche d’en acheter selon ses besoins.
Toujours est-il que c’est un produit sur le­quel les responsables du commerce doivent se pencher pour savoir pour­quoi ces prix sont toujours en fluctuation avec une tendance marquée vers la hausse. Ce n’est pas seulement le prix du riz qu’il faut réguler.
Les autres produits de première nécessité tels que le sucre doivent également faire l’objet de contrôle de prix. Le cumul de ces hausses de prix portant sur les produits de première né­cessité (PPN) aggrave la vie de la population au quotidien. On ne s’en rend pas compte immédiatement. Mais au bout du mois, cela se ressent.
Les prix des PPN ne constituent pas les seuls problèmes de la population. Pour toutes ces raisons, il faut juguler cette tendance inflationniste autant que faire se peut et le plus vite possible. A ce rythme, la tasse de café ou le bol de thé ma­tinal quotidien vont avoir un goût amer.

Aimé Andrianina

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