Quelle priorité ?

Madagascar est sous la menace d’un fléau qui a toujours existé : L’invasion acridienne. Des foyers de criquets migrateurs ont déjà été identifiés dans de nombreux endroits de la partie Sud de la grande île. Et des pontes massives risquent de se produire d’ici peu pour différentes raisons.
La menace est bien réelle si l’on s’en tient aux déclarations du Centre de lutte antiacridienne. Les pluies qui se sont abattues ces dernières semaines ont favorisé la pousse des formations herbeuses dans les savanes du Sud constituant ainsi un milieu plus que favorable pour la re­crudescence de la re­production massive des criquets migrateurs.
Le mauvais temps qui persiste dans cette partie du pays ne permet pas de lutter efficacement et dans l’immédiat cette menace. Non seulement, il est difficile d’intervenir par voie aérienne compte tenu de la pluie et des vents forts qui ne permettent une précision d’épandage des produits antiacridiens.
Or, cette précision d’épandage est cruciale pour avoir une efficacité la plus élevée possible. Autrement, ce serait de l’argent jeté par les fenêtres. Pire encore, ce sont les populations locales qui vivent dans ces zo­nes qui peuvent en être les victimes. Sait-on déjà quelles pourraient en être les conséquences ?
D’un autre côté, les interventions directes par voie terrestre ont des effets limités en termes de surfaces traitées. De plus, seuls les jeunes
criquets qui viennent d’éclore peuvent être atteints. Les sauterelles déjà adultes vont toujours s’envoler pour trouver d’autres surfaces à ravager.
D’autant plus que, suite aux dernières précipitations, les déplacements des intervenants directs sur le terrain par voie terrestre vont certainement devenir difficiles compte tenu des réalités sur le terrain (terrain embourbé, forte pousse des herbes dans les savanes…).
Tout compte fait, tous les facteurs favorables à la recrudescence de la reproduction des criquets migrateurs sont réunis. Or, on se trouve en pleine période de culture dans le pays. Il est certain que les populations de la partie Sud du pays se sont efforcées de faire pousser le maximum de cultures vivrières avec les pluies qui sont tombées dans la région.
Mais ces efforts risquent d’être anéantis si les jeunes criquets ne sont pas exterminés. On court vers la catastrophe. Bien évidemment, on peut toujours solliciter l’aide extérieure pour lutter contre l’invasion acridienne. On l’a déjà faite maintes fois et on le fera encore certainement.
Le Sud à une bataille à mener sur deux fronts : d’un côté il y a cette menace d’invasion acridienne et de l’autre, on ne peut pas minimiser les risques d’inondations suite aux précipitations dues au mauvais temps. Faudra-t-il faire un choix et décider quelle est la priorité ?

Aimé Andrianina

Partager sur: