Nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption : en finir avec l’impunité

Tournant décisif.Après des mois d’élaboration et de validation, la nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption 2025-2030 (SNLCC), a été présentée hier au Novotel Ivandry, en présence de nombreuses personnalités, dont le Premier ministre Christian Ntsay, le président de l’Assemblée nationale Justin Tokely. Plus offensive, elle met l’accent sur la nécessité de mettre un terme à l’impunité, parmi les principaux freins à l’efficacité de l’ancienne stratégie.

«L’objectif stratégique est d’en finir avec l’impunité d’ici 2030. Jusqu’à cette échéance, aucun acte d’accusation ne sera classé sans suite», a affirmé Sahondra Rabenarivo, présidente du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI) et du Comité de pilotage chargé de l’élaboration de la SNLCC.
Et de souligner que cette stratégie permettra de clarifier la différence entre l’immunité de juridiction, qui permet à l’État d’éviter des poursuites devant les tribunaux d’un autre Etat, l’immunité parlementaire qui assure aux parlementaires un régime juridique dérogatoire ou des autorisations de poursuites à l’encontre des fonctionnaires.
«Nous allons apporter des précisions sur le fonctionnement de ces mécanismes, car des abus ont été constatés», a-t-elle précisé.D’ici 2030, l’État vise à faire de Madagascar “une île où les réseaux de corruption et l’impunité ne freinent plus le développement durable”.

Mise en accusation
Dans le cadre de cette nouvelle approche, 15 dossiers de mise en accusation d’anciens hauts responsables nommés et élus transférés à l’Assemblée nationale, restent sans suite. Ils sont suspectés de corruption, de détournement de fonds publics, de détournement et de malversations.
Restés en suspens depuis près de cinq ans, ces dossiers ont figuré à maintes reprises à l’ordre du jour des sessions parlementaires ; lors de la précédente législature, sans jamais être soumis au vote. La présidente du CSI a exprimé l’espoir qu’au moins l’un d’entre eux puisse être adopté afin que la HCJ engage les procédures de poursuite, menant au procès.

Coordination des interventions
Un autre point majeur, singularisant cette nouvelle stratégie, est la participation élargie de toutes les parties prenantes. Dans cette optique, la coordination des institutions et des interventions sera renforcée, entre autres, entre les cellules anti-corruption, les hautes juridictions, le gouvernement et l’Assemblée nationale.
En d’autres termes, afin de rendre les actions plus cohérentes et efficaces, cette nouvelle stratégie favorise la collaboration multi-acteurs, les partenariats et la synergie entre structures anti-corruption, les organes de contrôle et les institutions judiciaires,ainsi que la promotion de culture d’intégrité. Et pas des moindres, les lanceurs d’alerte bénéficient d’un statut protecteur contre les risques encourus par ses révélations.
«Cette fois, la participation impérative des différentes entités est exigée», a insisté Sahondra Rabenarivo.
A noter qu’un cadre de suivi et d’évaluation soigneusement élaboré sera mis en place afin de mesurer l’impact des actions menées et d’ajuster les stratégies en conséquence. De ce fait, un rapport annuel sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de la SNLCC sera présenté aux autorités et rendu public, pour plus de transparence.

Engagement de l’Etat
Dans son allocution, le Premier ministre Christian Ntsay a insisté sur les efforts déjà entrepris. «De nombreux fonctionnaires corrompus ont été remerciés, poursuivis et incarcérés, notamment dans le domaine foncier. Je tiens à remercier le président de la République, Andry Rajoelina, pour son engagement dans cette lutte. Désormais, l’état d’esprit de chacun doit être tourné vers l’éradication de ce fléau. Des avancées notables ont été réalisées dans ce changement de paradigme, mais le chemin reste encore long pour atteindre nos objectifs», a-t-il ajouté.

MRS

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