Ailleurs fait toujours rêver. Chaque année, de plus en plus de jeunes malgaches tentent leur chance à l’étranger, espérant y trouver un emploi stable, une meilleure qualité de vie et des perspectives que Madagascar peine encore à offrir. Le récent recrutement en ligne publié par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Fonction publique en est la preuve : les inscriptions affluent, signe d’une jeunesse avide de nouvelles opportunités. Il faut croire que ces derniers temps, avec les effets des crises sanitaires et économiques, l’espoir s’amenuise de jour en jour.
Cependant, derrière le souhait légitime de trouver le meilleur avenir ailleurs se cache une réalité plus sombre. Car si l’émigration apparaît comme une échappatoire face à un marché de l’emploi saturé, elle ouvre aussi la porte aux abus et aux arnaques. Faux recruteurs, promesses mensongères, frais exorbitants réclamés à des candidats naïfs… Le rêve peut vite tourner au cauchemar. Il suffit de lire les commentaires à la suite de la publication du ministère pour le comprendre. Certains n’ont jamais été appelés par les recruteurs tandis que d’autres ont perdu leur économie dans des paperasses mais qui n’ont jamais abouti. Il faut dire que les arnaqueurs ont également trouvé du filon dans des emplois à l’étranger.
Le défi est donc double. D’un côté, il faut offrir aux jeunes des perspectives sur leur propre territoire à travers notamment l’entrepreneuriat, la formation adaptée aux besoins du marché et une politique de l’emploi plus dynamique. De l’autre, il est essentiel de les protéger face aux illusions dangereuses de l’émigration illégale ou frauduleuse. En tout cas, l’exode de nos talents ne doit pas être une fatalité. Si partir est un choix, il doit être éclairé et sécurisé. Et pour ceux qui restent, l’avenir doit être une promesse, non un renoncement.
Rakoto