En décrochant dimanche le trophée RDJ Mozika dans la catégorie « Musique Vivante », grâce au titre « Koezy », Maman’i Tsôlôlô, originaire d’Ankoriky, a donné un nouvel élan à la musique folklorique malgache.
«La musique, c’est toute ma vie. Aussi loin que je me souvienne, j’aimais toujours chanter », confie-t-elle. Née d’une famille musicienne, Maman’i Tsôlôlô a accompagné ses parents depuis son plus jeune âge dans les tournées en brousse. « Mon père de l’accordéon et nous et nous nous occupons de la percussion et du chant pour gagner notre vie ».
Portée par sa passion, elle a monté sa propre troupe de vakodrazana, qui compte aujourd’hui 22 membres. C’est le musicien et producteur malgache Davalt qui l’a repéré et l’a intégrée dans le label de production éponyme. Révélation musicale de l’année 2024, son tout premier single « Tomany zanako » a fait un véritable carton aussi bien sur les ondes que sur la toile. « Ce titre dépeint le quotidien d’un foyer. Il parle également de consolation et d’un conjoint violent qui préfère fuir ses responsabilités», a-t-elle expliqué.
Consciente de la déperdition d’une tradition, Maman’i Tsôlôlô s’est affirmée comme une fière ambassadrice de la culture sakalava Marambitsy. « Le Salegy est aux Tsimihety, tout comme le Tsapiky est aux Antandroy. Nous avons le Antsa Sakalava ». D’après la chanteuse d’ « Olombelo sy ny fanahy », le Antsa Sakalava est omniprésent dans cette contrée de l’île lors des grands évènements de la vie, de joie comme de peine. « Il résonne dans les rites de passage, à l’instar de la naissance, du mariage et du décès. Il sert également à invoquer le Tromba et à communiquer avec les esprits lors des cérémonies cultuelles sur les Doany ».
Son titre à succès « Koezy » constitue justement une ode au Tromba, le culte de la possession chez les Sakalava. « Invoqués par les vivants, à travers les médiums, les rois défunts communiquent avec leurs descendants ou à tout le pays lors de cette cérémonie. L’on porte des tenues et des maquillages spécifiques pour l’occasion. Appliquer de la terre blanche sur le corps nous protège de la manifestation de possession », a-t-elle indiqué.
Maman’i Tsôlôlô compte jusque-là une dizaine de compositions et envisage de travailler sur son premier album. « Comme tout artiste, j’aspire à une carrière nationale et internationale. Mais mon plus grand souhait est de porter haut l’étendard de ma terre d’origine, ma tradition et ma culture », a-t-elle conclu.
Joachin Michaël