Les chiffres donnent le tournis. 672 millions d’ariary au titre de fonds de pension, ont été détournés au sein du ministère de l’Economie et des finances (MEF). Et sans l’intervention du Bianco, les escrocs auraient certainement continué à soutirer illicitement des centaines de millions d’ariary, à l’Etat. Six agents du ministère se trouvent actuellement derrière les barreaux en attendant leur procès.
Un détournement à grande échelle qui ne date pas hier. En fait, depuis 2020, des agents du ministère de l’Economie et des finances, s’en sont mis plein les poches en puisant dans le fonds de pension.
«Leur modus operandi : ils recrutent des personnes de confiance qui ont pour mission d’ouvrir des comptes bancaires destinés à recevoir les fonds détournés», a expliqué le Bianco, avec la complicité d’un agent du service informatique qui a fourni le mot de passe, permettant d’accèder illégalement à la base de données de l’«Augure Pension».
Une fois cette étape accomplie, ils ont pu inscrire dans la liste des gens bénéficiant de pension de retraite les pensionnaires fantômes et valider les opérations frauduleuses. Au total, 9 pensions de retraites fictives ont ainsi été créées. Un préjudice estimé à 672 millions d’ariary, pour le ministère de l’Economie et des finances.
Mais ce détournement massif de fonds de retraite, a fini par éveiller des soupçons suivis d’une dénonciation anonyme qui a incité le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) à ouvrir une enquête mettant à nu ces combines bien rodées.
Et six suspects sont arrêtés dans cette affaire dont un chef de Service de l’ordonnancement des dépenses de pensions (SODP) et 5 agents au sein du MEF. Ils ont été présentés devant le Procureur de la République du Pôle anti-corruption (Pac) le 3 février. Faux et usage de faux, abus de fonction, bénéficiaire d’abus de fonction, enrichissement illicite et détournement de fonds publics, sont les charges qui pèsent contre eux.
Vers le début de ce mois, les agents du SODP et un complice présumé ont été placés sous MD à Antanimora si les autres ont été placés sous contrôle judiciaire. 8 présumés faux pensionnaires sont également dans le viseur de la Justice.
Il s’agit alors du premier dossier brûlant traité par le Bianco de cette année, quelques jours après la présentation de la nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC).
T.N