Gel des financements de l’USAID : le CCOC suggère une loi de finances rectificative

Face au gel des financements de l’USAID, quelles solutions envisager ? Hony Radert, secrétaire général du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC), souligne que cette situation met en évidence les critères de priorisation de l’Etat. Elle estime qu’il est crucial de revoir les priorités et qu’une loi de finances rectificative est nécessaire afin de mieux faire face à cette décision aux répercussions mondiales.

Le scénario redouté s’est concrétisé. La décision de l’administration américaine de fermer brusquement les bureaux et les programmes financés par l’USAID à travers le monde n’a surpris qu’à moitié, notamment au sein de la société civile. Hony Radert, secrétaire général du CCOC, rappelle que cette question a toujours été un sujet d’interpellation de l’Etat. “Nous avons constamment alerté sur le caractère éphémère des ressources extérieures. Il est risqué de s’y appuyer, car elles sont volatiles et peuvent disparaître du jour au lendemain”, souligne-t-elle. Elle ajoute que cette situation met en lumière les choix de priorisation de l’Etat.

De l’avis de Hony Radert, l’Etat aurait dû, depuis longtemps, concentrer ses investissements sur des secteurs comme la santé et l’environnement. Pourtant, ces domaines restent d’après elle sous-évalués dans la loi de finances. Dans son analyse de la Loi de finances initiale (LFI) 2025, le CCOC note les disparités dans la répartition du budget de l’Etat : “Le ministère des Travaux publics figure parmi les grands bénéficiaires, avec 33% du budget total, suivi du ministère de l’Énergie et des hydrocarbures (24,8%) et du ministère de l’Économie et des finances (11,9%). Les ministères de la Santé publique et de l’Éducation nationale font partie de ceux qui ont reçu une part nettement inférieure, soit respectivement 1,7% et 2,6%”.

“Au lieu de ces secteurs, l’Etat a choisi de privilégier des projets comme l’autoroute que la société civile estime non prioritaire”, indique-t-elle. Dans le PLFI 2025, le CCOC relève que l’État envisage de solliciter divers bailleurs pour financer 80% de cette autoroute, dont le coût total dépasse 730 millions de dollars. Les investissements externes s’élèvent à 5.897,3 milliards Ar, avec une augmentation de +125,2% des subventions et de +58,4% des emprunts.

Ainsi, face au gel, pour l’instant provisoire des financements de l’USAID, la secrétaire générale du CCOC, suggère que l’Etat revoie ses priorités dans la Loi de finance, et soulève sur la nécessité d’une loi de finance rectificative pour rectifier le tir. “Il faudra prioriser le financement des secteurs comme la santé et l’environnement. Nous sommes prêts à apporter notre aide, surtout lors d’une loi de finance rectificative”.
L’annonce de ces velléités de fermeture de l’USAID par l’administration américaine a provoqué une vague de réactions à travers le monde, en particulier parmi les organisations et associations qui bénéficiaient de son soutien depuis des années. Si, dans les pays occidentaux, cette décision impacte principalement des projets scientifiques et des ONG d’envergure comme Caritas, à Madagascar, ce sont surtout les initiatives dans les secteurs de la santé et de l’environnement qui sont menacés, ainsi que de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME).

En effet, plusieurs entreprises locales dépendaient de l’USAID pour divers services : confection de polos et t-shirts, fabrication de sacs et casquettes, sérigraphie, impression de supports, production de goodies, mais aussi location de voitures pour les missions en brousse et hébergement en hôtels. Rivo Rakotondrasanjy, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Antananarivo, a exprimé son inquiétude à ce sujet sur sa page Facebook, soulignant l’impact économique considérable qu’aura cette fermeture sur ces secteurs.

Nambinina Jaozara

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