Cette année, huit artistes malgaches, issus de disciplines variées, verront leurs créations voyager vers la Lune grâce au projet Lunar Codex, une initiative audacieuse qui repousse les frontières de l’art. Parmi ces visionnaires, la chanteuse Imiangaly et l’écrivaine-poète Na Hassi ont partagé leurs émotions lors d’une interview croisée.
La chanteuse Imiangaly : « Tu es le meilleur choix »
(*) Les Nouvelles : Comment était votre réaction en entendant cette bonne nouvelle ?
(-) Imiangaly : C’est grâce à leur agente, Muriel Bilger, que j’ai été contactée pour ce projet. Elle m’a demandé de rassembler un dossier complet, incluant des liens vers mes vidéos, mes performances en direct et mes créations. Les curateurs ont finalement sélectionné deux de mes compositions, « Manga » et « Ndao ». Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais incrédule. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est le message du responsable du projet : « Tu es le meilleur choix ». Je suis encore bouleversée par cette reconnaissance. De plus, je suis fière de partager cette aventure avec Zamba Valiha, un autre talentueux musicien malgache, avec qui nous représenterons la musique de notre pays sur la Lune.
* Selon vous, pourquoi ont-ils sélectionné ces deux morceaux ?
– Au fait, « Manga » a été leur premier choix. J’ai écrit les paroles, et Naday a créé la mélodie. Cette chanson dégage une énergie particulière. Sortie en 2016, elle continue d’influencer les jeunes femmes complexées par leurs cheveux, comme je l’étais moi-même à l’adolescence. A l’école, en société, même à la maison, on me disait de lisser mes cheveux. ‘Manga’ encourage les femmes à accepter leur nature. Je pense que les curateurs ont été touchés par ce message, d’autant plus que j’ai ajouté quelques mots en anglais dans la chanson. Quant à « Ndao », c’est un titre qui transmet un message d’amour. Dans ce morceau, j’encourage les autres, surtout ceux qui ont le moral à zéro, à se battre, à se relever… Des phrases en anglais sont également présentes, et je crois qu’ils ont compris le sens profond de la chanson.
(*) Les Nouvelles : les curateurs de Lunar Codex ont choisi deux poèmes, extraits de votre livre « Zana-bolana, femme lunaire ». Ils parlent de quoi exactement ?
(-) Na Hassi : Je suis profondément impressionnée et reconnaissante de participer à ce projet grâce à mes deux textes. Le premier, « Femme lune », est un poème en français qui explore l’impact de la lune sur la vie quotidienne des femmes, le lien intime qui les unit. Le second, « Hafatry ny tararaka » (Le message de l’hibou), est écrit en malgache et se concentre sur la pleine lune. En fait, mon livre « Zana-bolana, femme lunaire », publié en 2021, est entièrement dédié à la lune. J’ai consacré une année entière à rassembler mes anciens poèmes et à en écrire de nouveaux. Il compte 57 poèmes, répartis en trois parties et plusieurs sous-titres, tous explorant les différentes phases de la lune : nouvelle lune, lune décroissante, pleine lune… Je suis fascinée par cet astre depuis toujours. Grâce au projet Lunar Codex, mes poèmes retrouvent leur demeure naturelle.
* Comment les textes vont-ils être envoyés sur la lune ?
– Samuel Peralta, le premier responsable du projet Lunar Codex, explique sur sa page officielle que cette initiative repose sur une technologie de pointe permettant de miniaturiser les œuvres d’art, qu’il s’agisse de peintures, de photographies ou de textes. Cette miniaturisation facilite le stockage de toutes les créations. Le projet a sélectionné 40.000 artistes, représentant des centaines de milliers d’œuvres. Par exemple, le photographe Pierrot Men a vu dix de ses images sélectionnées, tandis que cinq chefs-d’œuvre de Tara Shakti ont été choisis. Grâce à cette technologie innovante, les œuvres seront archivées et protégées contre les conditions extrêmes de la Lune, notamment les variations de température et les effets du temps. Selon Samuel Peralta, les œuvres resteront intactes pendant environ un milliard d’années. Elles seront envoyées dans le cratère sud de l’astre en décembre prochain.
Holy Danielle